Pour ceux qui ne connaîtrait pas Céline Alvarez, vous trouverez joint une vidéo de présentation de son travail.

 

L'adresse de son site personnel:

https://www.celinealvarez.org/

 

En dessous un point de vue de l'association Être & Devenir sur le système éducatif.



Après avoir visionné la vidéo de Céline Alvarez nous aurions presque la tentation d’être gentiment moqueur et de dire qu’elle a

réinventé l’eau chaude !

 

En effet, que voyons-nous ?

Nous voyons que lorsqu’on débarrasse la fonction maternelle de sa dimension névrotique, et l’école primaire est une version

éducative de la fonction maternelle, les choses vont tout de suite mieux !

 

Nous voyons que lorsqu’un enfant est accepté tel qu’il est et que se projette sur lui une attention bienveillante qui lui est dédiée ; Ce qui dit autrement signifie : Lorsque la fonction maternelle se respecte, incarne son rôle et se dévoue à l’enfant ;

Ce dernier s’épanouit et apprend bien.

 

Nous voyons que lorsqu’on est attentif et généreux, c’est-à-dire lorsque l’éducation tient compte de l’enfant, reconnaît sa

nature, reconnaît son droit à avoir une personnalité et accepte de s’y adapter, conformément à son rôle, cette générosité

profite à l’enfant et nous constatons que dans ces conditions TOUS les enfants sont capables d’apprendre.

 

En résumé, lorsque l’être humain suit son instinct de vie et fait son devoir envers les générations, lorsque la fonction maternelle n’est pas altérée (1), donc généreuse, accueillante et dévouée, lorsque les enfants se sentent aimés pour ce qu’ils sont et valorisés en eux même, et enfin lorsque au sein d’un collectif bienveillant l’épanouissement de leur individualité est

encouragée, les enfants progressent vite et bien et sont heureux.

 

Vous parlez d’un scoop !

 

Ce que nous disons là n’est pas fait pour dévaloriser ce que dit ou fait Céline Alvarez, bien au contraire, nous sommes les premiers à louer sincèrement ce qu’elle a mis en œuvre et nous reconnaissons que ses réussites sont flagrantes, indiscutables et pleines de perspectives encourageantes.

 

Nous rendons aussi hommage à l’acuité de ses points de vue qui sont totalement en phase avec la nature psychique et aussi, bien sûr à sa personnalité qui, sur le sujet de l’enfance, est libre de toute influence névrotique, ce qui n’est pas rien.

Nous insistons particulièrement sur ce point car cette condition est indispensable pour donner corps au type de vision consciente que porte Céline Alvarez.

Il s’agit là de la seule disposition d’esprit qui permette d’être naturellement dans le vrai par rapport à un sujet et c’est à

souligner.

 

Si nous commentons cette vidéo de manière si légère c’est plutôt pour tenter de dédramatiser la terrifiante situation que Céline

Alvarez y dévoile. Les chiffres en eux même sont désastreux, il est question de 300 000 enfants par ans qui sont, selon ses termes, « sacrifiés ».

 

Un fonctionnaire doit rester grosso modo 30 années en poste, ce qui nous conduit à 9 millions de futurs adultes dont l’épanouissement est obéré par chaque génération d’enseignants sans que cela ne les empêche de dormir ni de profiter de leur retraite.

Pour autant, même si la violence d’un tel broyage peut tétaniser, même si l’aspect massif de ce broyage peut donner le vertige, ce n’est pas en cela que réside l’aspect le plus catastrophique de cette situation.

 

Considérez ceci :

Madame Alvarez a été fermement poussée vers la sortie dès lors qu’elle a ambitionné, non pas pour elle-même mais pour les enfants, d’institutionnaliser et d’élargir ses bonnes pratiques.

 

Dans les faits, l’administration n’a même pas cherché à nier ou à minimiser les résultats de cette éducation inspirée par le naturel et le vivant, elle les a tout simplement ignoré, volontairement et sans crainte du scandale, alors qu’il est proprement scandaleux de regarder ailleurs quand des enfants se noient sous nos yeux et que les moyens techniques pour aller les sauver existent.

Sur ce coup là, vraiment, le scandale pouvait éclater.

 

Si le ministère savait qu’il pouvait écarter cette expérience sans crainte et sans avoir à se justifier c’est parce qu’il pouvait

compter sur les 300 000 instituteurs dépendant de son administration qui le voulaient aussi.

L’éducation nationale, tous corps confondus, politiques et syndicaux, a abandonné depuis longtemps la réalité de l’enfance, pour peu qu’elle l’ait un jour connue ou tout au moins prise en compte.

 

La réalité a cédé sa place à des visions idéologiques d’un grand confort pour les enseignants.

 

Le premier des conforts est que l’idéologie permet de ne pas se confronter aux exigences de l’adaptation à la réalité et qu’elle

n’oblige à aucune interaction avec les enfants puisqu’on estime que c’est à eux d’entrer dans le moule.

 

En d’autres termes, l’idéologie permet à un instituteur d’avoir l’air d’être un communiquant tout en restant isolé dans la bulle de sa petite vision du monde.

Plus précisément, l’idéologie, grâce au discours et à la posture, permet d’envahir les jeunes psychés avec des a priori

intellectuels. Les instituteurs DEVIENNENT le discours, la posture est leur rempart.

 

Il s’ensuit que tout ce qui est personnel, authentique et vivant disparaît de la relation avec les enfants.

L’idéologie permet d’avoir l’air gentil et impliqué sans que jamais l’on ne se mouille pour atteindre les enfants, c’est-à-dire, sans que jamais on ne fasse son travail d’humain bienveillant.

 

Le deuxième confort réside dans la paix de l’esprit.

L’impunité est le rêve de tous les voyous, escroquer le monde dans des conditions légales est leur saint Graal.

L’éducation nationale a permis une telle possibilité.

 

Avec les enseignants, elle est la co-auteur d’une pensée qui contrarie et blesse la nature humaine tout en étant légalement réputée être d’utilité publique !

Un certain consensus donne le sentiment d’avoir raison, même lorsqu’on mutile tous les tempéraments qui ne s’intègrent pas

dans le moule. Le label utilité publique, lorsqu’il est co-signé par un ministère et des fédérations d’enseignants, c’est la garantie de la bonne conscience pour tous, indépendamment de la casse que l’on commet.

 

L’aspect le plus terrible que révèle cette vidéo c’est que 300 000 enseignants savent que leur action est profondément destructrice, pour ne pas dire criminelle, mais qu’ils demeurent incapables de remettre en cause leur idéologie.

C’est tout l’art de rendre une escroquerie légale, une escroquerie intellectuelle s’entend.

Chaque année, le respect de leurs valeurs et de leur doctrine écrase 300 000 destins et les chiffres nous font un clin d’œil

amusant puisque le nombre d’élèves décrocheurs est grosso modo égal au nombre d’instituteurs qui s’occupent de cette tranche d’âge !

 

Quelqu’un serait-il prêt à prendre les paris que si le nombre d’instituteurs passait à 400 000, le nombre d’élèves décrocheurs s’accroîtrait dans la même proportion ?

Et si nous nous posons la question : à partir de quel chiffre vont-ils avoir des doutes et se remettre en cause ?

 

La réponse est : Il n’y a pas de chiffre limite, ils ne douteront jamais, ils ne se remettront jamais en cause, ils feront

toujours de l’évitement et projetteront toujours l’incurie éducative sur l’absence de moyens et de technologie.

Il en est ainsi parce que c’est ainsi que le schéma névrotique se développe et étend sa morbidité sur les élèves et les

enseignants, c’est un schéma qui se duplique à l’infini si personne ne le dénonce avec suffisamment de force pour le faire

cesser, il empoisonne le corps social jusqu’à son délitement fatal.

 

Maintenant, regardons comment Céline Alvarez se tire de cette situation :

 

Elle fige son travail sur support audio, elle explicite objectivement la manière dont se construit son expérience, et elle énonce les principes qui sont à l’œuvre dans sa pratique éducative.

Ensuite, elle met le tout GRATUITEMENT à la disposition de chacun pour que son savoir confirmé par l’expérience inspire et rayonne.

C’est extrêmement efficace, techniquement inattaquable, et sur le plan de la déontologie personnelle, on ne peut que tirer son chapeau.

 

Pour autant, en l’état, sa démarche est vouée à rester confidentielle, voire à s’éteindre.

Pourquoi ?

Parce que deux lois incontournables et inflexibles s’opposent à elle.

La première est la loi de la gravité, la seconde est la loi des affinités.

 

L’éducation nationale et le corps enseignant ont leur masse pour eux. Même si les deux compères font mine d’être en contradiction, ils offrent tous les deux des doctrines officielles et prémâchées, rassurantes et prêtes à l’emploi que l’on peut assimiler sans effort lorsqu’on est parent d’élève.

Le terme « sans effort » est très important.

 

Selon la loi de la gravité, les masses les plus grandes attirent les plus petites, et il en est de même pour les pensées.

Les pensées collectives dominantes sont des entités archaïques qui jouent sur les peurs primitives. Elles agissent comme un

archétype menaçant envers lequel, lorsqu’elles sont trop timorées, les pensées individuelles font rapidement allégeance

pour bénéficier de leur protection.

Il faut vraiment être en phase avec son mythe personnel, comme Céline Alvarez, pour trouver la force, l’équilibre et l’envie de

réaliser son être en dehors des circuits officiels, et encore plus pour y risquer l’avenir de sa progéniture.

 

On pourra être séduit et convaincu intellectuellement par l’expérience de Céline Alvarez, mais osera-t-on pour autant braver la

toute-puissance des sachants, politiques ou syndicaux, qui se parent des atours de la responsabilité et de l’officialité ?

 

N’oublions pas qu’être soi c’est d’abord vaincre ses doutes et ses peurs, cela demande du courage et de la ressource personnelle, ce qui ne coule pas de source puisque cela oblige à une confrontation avec la pensée dominante qui, elle, n’entend pas abdiquer de sa suprématie.

Cette confrontation, qui est un effort et un risque, s’oppose au sans effort et au moindre risque que propose le

ralliement à la voix officielle…..et la pente naturelle conduit le plus souvent les parents à aller vers le plus facile, le plus

rapide….

 

La deuxième Loi, celle des affinités est sans doute la plus pernicieuse pour le travail de Madame Alvarez.

Nous avons montré du doigt la nature destructrice et aliénante du ministère de l’éducation et du corps enseignant, mais combien de parents d’élèves, combien de familles fonctionnent eux aussi sur ce mode et ne se sente en affinité qu’avec les organisations qui leur ressemblent ?

 

Lorsque Mme Alvarez a mené son expérience, elle était estampillée éducation nationale, ce qui rassurait les parents.

Maintenant qu’elle ne l’est plus, les familles qui se tournent vers sa pratique ne le font que par choix et parce qu’elles sont

convaincues.

Or, le choix est à caractère impliquant. Cela veut dire que pour aller vers la pratique de Maria Alvarez, il ne suffit pas de se laisser porter, il faut aussi être en phase avec ses principes, à la hauteur de sa vision, de sa sensibilité intelligente….et surtout exempt de toute immaturité dans le rapport filial.

 

En d’autres termes, pour éduquer son enfant dans l’amour et la responsabilité, il vaut mieux avoir soi même dépassé le stade de l’enfance, ce qui se manifeste justement par la capacité à être soi et à s’émanciper, s’il le faut de cette pensée dominante.

Maintenant, lorsque les parents vont se rendre compte que pour mettre en œuvre ce type d’éducation, il faut être

soi-même mature, dévoué, généreux, bienveillant, respectueux, à l’écoute, et surtout qu’il faut abandonner toute revendication

narcissique à l’endroit de sa progéniture, les choses risquent de se gâter.

 

Etre séduit par l’idée et les résultats, oui, mais se remettre en cause soi pour permettre ces résultats, sur un plan statistique,

c’est un engagement personnel que peu de parents peuvent prendre.

En résumé, la pensée dominante et le refus de se remettre en cause qui touche aussi les familles sont les deux dragons auxquels l’initiative de Céline Alvarez doit se confronter.

 

Sur ce plan là, notre évaluation est que Madame Alvarez ne fait que la moitié du chemin.

Encore une fois, nous tenons à préciser que cette moitié, à elle seule est remarquablement estimable et particulièrement rare en terme de qualité de conviction.

 

La moitié manquante est celle que nous mettons en œuvre dans la stratégie analytique.

L’encouragement à la croissance de la part consciente de l’être s’accompagne TOUJOURS du désamorçage de l’aliénation.

Nous ne manquons jamais une occasion de faire perdre de la puissance à l’emprise en démontant sa rhétorique, en dénonçant ses faux semblants, ses postures.

C’est ce double mouvement de construction et de démystification du traumatique qui permet la restauration de l’être, son

enracinement, son affirmation.

 

Pour ces raisons, nous pensons que pour perdurer et rayonner à hauteur de l’enjeu dont il est question ici, Madame Alvarez aussi ne devrait jamais rater une occasion de dénoncer les assassins d’enfants ( c’est figuratif ) que sont l’éducation nationale et les syndicats d’enseignants.

Au-delà de ce qu’elle fait déjà, il apparaît primordial de développer un volet consacré à la dénonciation des processus à l’œuvre dans les pratiques toxiques de ses ex collègues.

Il conviendrait de consacrer du temps à démonter les discours de justifications que les institutions tiennent pour maintenir ce droit à la casse psychique qui leur semble si négligeable.

 

Les gens qui se sentent bien même lorsqu’ils brisent l’enfance, on ne peut ni les écouter ni les laisser faire, les masques doivent tomber, un crime  est un crime, même lorsqu’il n’y a pas de sang apparent.

Quitte à paraître emphatique, mais puisqu’il s’agit d’enfant et de leur devenir et puisqu’il s’agit d’un phénomène de masse,

nous pensons que Madame Alvarez a levé le voile sur ce qui n’est ni plus ni moins qu’un crime majeur contre l’humanité, un crime qui se perpètre au grand jour dans l’inconscience générale.

 

(1)Lorsqu’il est question de la fonction maternelle et de son altération, il doit être bien 
clair que nous ne parlons pas exclusivement de la fonction maternelle portée par les femmes
mais bien de la fonction maternelle portée par les femmes ET par les hommes. Par les hommes qui sont des pères et qui se doivent d’être doux, maternant, dans leur paternité tant
qu’ils ont à faire à des tout petits, et par les hommes, pères ou non, qui participent aux programmes
et à l’organisation de la scolarité.