Média: Radio Oloron 89,2FM, sur le web: https://radio-oloron.fr/

Session 2017

Emission N°1: Présentation des rêves

Emission N°2: Les rêves prémonitoires

Emission N°3: Les rêves initiatiques

Emission N°4: La mémoire traumatique dans les rêves

 

Rêve, que dis-tu ? Emission N°1

 

THOMAS, RADIO OLORON
GILBERT, ANALYSTE

Bonjour à tous amis auditeurs,
Depuis le début de la grotte de Platon, vous connaissez notre intérêt pour l’exploration de tous les possibles,
vous connaissez notre passion pour ces grands espaces que sont l’intangible et le mystérieux
et vous connaissez notre goût pour ces mondes invisibles sans lesquels nous ne serions que des petits robots au service de sociétés sans but.   

Cette nouvelle série d’émissions est une émergence directe de tout ce qui nous motive, elle est dédiée à ce vaste sujet que sont les rêves et nous accueillerons Gilbert qui sera notre contributeur.

Alors Gilbert, vous allez être notre invité, pouvez-vous nous faire une petite description personnelle, qui êtes-vous, pourquoi vous intéresser aux rêves, depuis quand le faites-vous, et peut être aussi un mot sur les fondements de l’étude des rêves….

Bonjour Thomas, et merci de me recevoir dans votre studio, alors oui, je m’appelle Gilbert, et j’exerce en tant que psychanalyste libéral.

Le fait s’intéresser aux rêves, cela va tout simplement de pair avec le fait de s’intéresser à la psychanalyse.
Freud s’est très vite intéressé aux rêves, il estimait qu’ils étaient la voie royale qui mène à l’inconscient.
Et il est vrai que dans notre activité,  lorsqu’une personne à la chance de rêver,      ou plus exactement de se souvenir de ses rêves,  puisque tout le monde rêve,      en tant que praticiens, nous y trouvons de façon immédiate et naturelle des indices pour orienter notre travail.

Maintenant, on ne peut pas parler des rêves sans parler de Jung. Carl Gustav Jung
Il s’accordait avec Freud sur la grande importance des rêves, et c’est lui, Jung, qui a établis les notions d’inconscient collectif et de structures  archétypales.

Mais   nous verrons un peu plus loin, au cours des interprétations, que derrière ces expressions un peu savantes se cachent des éléments de bon sens, plutôt simples et accessibles à tous.


Alors Gilbert, la question à 100 €, peut-on définir ou expliquer les rêves peut-on savoir d’où ils viennent ?
A ma connaissance, les pères de la psychanalyse n’ont jamais cherché à les définir ni à les expliquer en tant que phénomène, ils se sont bornés à les constater et à y voir des contenus signifiants qu’il était indispensable d’accueillir et si possible de comprendre.
Après, parallèlement à la psychanalyse, les neurosciences, elles, ont tenté d’en connaître les processus physiologiques, ……et, elle sont tenté aussi d’y trouver des explications logiques, en tout cas, logiques à leurs yeux..
Sur le plan physiologique on peut, effectivement, enregistrer l’activité du cerveau, définir les zones en lesquelles le processus apparaît et comment s’organisent les neurones au moment des rêves, mais, ces observations n’amènent pas grand-chose de probant pour expliquer l’origine du rêve…
Et de fait toutes les explications qui se veulent logiques, sérieuses, physiologiques, elles ne sont absolument pas reconnues par la psychanalyse.
Le fait de voir apparaitre des ondes d’activité cérébrales sur un écran ne donne pas droit à l’observateur d’affirmer qu’il s’agit d’une activité réflexe, ou de la conséquence de maux d’estomac.    
 
Tous les piliers de la psychanalyse,  Freud, Adler, Jung, Ferenczi …tous ces personnages qui n’étaient absolument pas privés d’esprit scientifique, se sont montrés beaucoup moins raisonneurs et ils ont compris d’instinct qu’il y avait tout à perdre à essayer de rationaliser les productions de l’inconscient.

Maintenant, pour répondre à votre question et tenter de définir ce que sont les rêves, je ferai un détour par les sciences de la vie.
Les sciences    sont capables de définir assez précisément le moment ou la vie est apparue sur terre      et   quasiment    tous les évènements qui sont survenus sur notre planète depuis sa création,   par contre   , elles restent muettes   sur le mystère de l’origine, comment s’est créé la matière ?   Pourquoi y a-t-il quelque chose alors qu’il pourrait très bien n’y avoir rien.
Mais justement, puisque nous savons que quelque chose existe parce que la matière est là pour nous le prouver,  nous pouvons dire  en contrepoint    que la matière est le lieu en lequel le mystère révèle sa présence.


Le rêve, lui, totalement immatériel est ce qui est véhiculé, il est le contenu, il est, donc, ce qui se révèle, et en cela il est un visage du mystère de la vie.

Voilà donc, comment à ma façon, je pourrais définir le rêve.  
Il est à la fois un aspect du mystère et un lien qui nous y rattache.
 
Ok, Gilbert, voilà une définition du rêve qui nous plaît bien, et puisque nous en sommes encore à la phase de présentation, je vais vous demander de travailler un peu à ma place et de présenter à nos auditeurs comment va s’articuler cette série d’émission.

Et bien, nous allons donner aujourd’hui quelques généralités et procéder à une première interprétation pour que nos amis auditeurs puissent mesurer combien malgré l’aspect très déroutant des rêves pour notre logique consciente, ils sont néanmoins porteurs de puissantes valeurs signifiantes, et aussi pour bien souligner qu’une interprétation de rêve vaut beaucoup mieux et exige beaucoup plus qu’une consultation de la clé des songes sur internet.
Quand bien même un dictionnaire des symboles pourrait être qualitatif et fiable, chaque individu est unique et je dirais encore plus unique dans chaque situation spécifique qu’il rencontre, aussi, en aucun cas une vision généraliste et figée des symboles pourrait restituer l’essence d’un rêve personnel.   

Dans un deuxième temps, je vous proposerais de consacrer une émission aux rêves prémonitoires, puis une autre encore aux rêves initiatiques et à ceux que l’on pourrait appeler des rêves de cadrage, et enfin, à partir de la quatrième émission, je vous propose d’explorer l’immense réservoir des rêves liés à la mémoire traumatique.
Alors, je reconnais que dit comme ça, terme mémoire traumatique peut choquer. Aussi, il convient de préciser qu’il a été nommé ainsi parce que c’est ce type de rêve qui est porteur des grandes révélations que l’on peut avoir au sujet des enjeux oubliés de notre passé, je parle d’un passé parfois lointain, y compris du passé intra utérin, et ce sont ces grandes révélations qui produisent les fameuses catharsis, ces moments d’intense émotion ou se dénouent les nœuds psychiques,
Mais, à côté de ça dans la plupart des cas, dans l’immense majorité des cas, nous pouvons tout simplement dire qu’ils sont les rêves de notre confrontation au réel….
Mais, nous verrons tout ça en détail à partir de la quatrième émission…D’abord aujourd’hui les généralités et une interprétation, puis les rêves prémonitoires et les rêves initiatiques.
Par contre, à tout moment, en cours et après chaque émission, tous les auditeurs sont invités à participer, que ce soit par des commentaires, ou, par des propositions de rêves à interpréter.

A ce sujet, Thomas, est-ce que vous pouvez nous indiquer, ou et sous quelle forme nos auditeurs peuvent envoyer leurs commentaires, questions et contributions ?

Et bien vous pouvez adresser vos questions, vos commentaires et vos propositions de rêve à Radio Oloron, sur le site de l’émission, mais aussi par téléphone ou par courrier postal 
Alors, maintenant que  le plan est posé….Est-ce que vous pouvez, au titre des généralités nous dire si le fait de rêver est besoin ou alors une simple faculté pour laquelle certains ont plus de facilité que d’autres ? 
Je ne crois pas que l’on puisse parler du rêve en termes de besoin ou de faculté…. Je dirais qu’il s’agit plutôt d’un état, d’un flux, d’une circulation…peut être même que l’image qui correspondrait le mieux serait celle d’un courant continue qui se déverse et se présente continuellement à nous.
Il faut savoir en effet, que nous rêvons en continue.
L’inconscient  déroule un flot qui se déverse en nous comme une rivière, 24/24, tout au long de notre vie.
Alors bien sûr, nous sommes plus réceptifs aux messages qui surviennent dans le sommeil puisque la conscience et la raison sont alors au repos.

Mais ce  fil qui se déroule pendant le jour et qui parvient parfois à passer le filtre de la conscience, nous l’appelons de l’intuition.

Maintenant, puisque vous parlez de besoin, nous pouvons effectivement dire que dans des cas particuliers comme de grave situations de stress le rêve est proactif, il est en première ligne pour  désamorcer l’impact des atteintes qui nous touchent,   et en version diurne, lorsque trop c’est trop, lorsque la conscience est dépassée par des évènements insupportables que la raison ne peut plus comprendre, et lorsque même nos facultés de refoulement sont saturées,  dans ce cas extrême,  alors, il y a basculement dans le délire.

Je voudrais faire remarquer que  lorsqu’on prend soin de noter les paroles de quelqu’un qui délire, on se rend compte que celles-ci ne sont pas insensées mais qu’elles produisent les mêmes figurations et les mêmes structures que celles que nous rencontrons dans le langage des rêves.

On peut dire du délire, que c’est un rêve qui s’exprime par la voix de celui dont la conscience et la raison se sont momentanément hors service.     
   
 
Mais, est-ce que tous nos rêves ont un sens ? Et sont-ils tous utiles pour nous ? Et, comment faire le tri ?
Pour ce qui est du sens et de l’utilité, la réponse est immédiate, oui, ils ont tous un sens et une utilité.
Pour ce qui est du tri, je vous dirais que tout est bon chez le rêve, il n’y a rien à jeter, on ne tris pas, on garde tout, même lorsque la signification n’est pas flagrante.
Les sont nos archives psychiques, il est intéressant de pouvoir se pencher sur eux  même des années après et ne serait-ce que pour cette raison il est utile de les noter.

 
Qu'elle est la meilleure méthode pour les comprendre ?
Je crois que pour dévoiler le sens des rêves, il n’y a pas mieux que l’initiation.
Je dis cela parce que beaucoup de praticiens ne sont pas nécessairement très à l’aise avec le langage et la symbolique des rêves et ils préfèrent une vision conventionnée des symboles.
Ils déchiffrent le rêve à partir de petits tableaux qui permettent de le décrypter comme un rébus. 
Il en sort toujours quelque chose, mais il faut être lucide, au plus un rêve est tenu immobilisé par l’outil intellectuel,  au plus son sens profond nous échappe.
Un rêve s’écoute dans son état vivant et volatil.
Lorsqu’on le dissèque, on n’a plus en face de soi que les contenus d’un rêve mort et un rêve mort n’exprime plus grand chose.

Je vais employer une image que toutes les mamans pourront comprendre.
Même lorsque son enfant n’est pas encore en âge de parler, une maman n’a pas besoin de faire des petits tableaux pour essayer de décrypter ce que les mimiques et les attitudes de son enfant veulent dire.
Elle le sait immédiatement, par l’instinct, par l’intuition, par le cœur.
De la même façon, une bonne interprétation est une interprétation innée qui est reçue et naturellement comprise par le cœur.
L’initiation est la voie la plus adaptée pour le connaître.
Ce que je dis-là,  ce que je critique par rapport à la méthode de la dissection et du rébus ça  ne signifie pas que le rêve n’a pas de logique compréhensible par la raison  ou qu’il n’a pas de construction cohérente,    bien au contraire, mais il s’agit de logique et de cohérence qui lui sont propres et que l’on ne peut connaître sans les partager avec lui,  c’est-à-dire que l’on ne peut pas parler de lui en restant à une distance clinique, on ne peut pas le connaître sans s’en approcher, sans s’en imprégner et sans l’accepter tel qu’il est.  


Pourquoi certaines personnes se souviennent elles de leurs rêves et d'autres non ?
Il est assez difficile de vraiment savoir ce qui fait  que l’on se souvienne ou pas de ses rêves.
Ce que l’on peut dire c’est que au plus on y prête attention….,
au mieux on s’en souvient,
au plus on s’intéresse au monde de l’intériorité, au plus leur souvenir nous imprègne.
Je voudrais aussi répondre à cette question en faisant un petit détour par l’alchimie.
Les alchimistes ont pour coutume de dire que leur matière première est abondante, banale, et que beaucoup d’ignorants la méprisent.
Je vous ai dit tout à l’heure, que le flot de la rivière nommée inconscient se déversait continuellement en nous.

Et bien si vous écoutez les alchimistes, si vous cessez de mépriser ce flot et que vous vous apercevez de toute la valeur qu’il peut produire lorsqu’il est recueilli et transformé par la conscience, et bien non seulement vous vous souviendrez de vos rêves mais vous connaîtrez aussi cette fameuse matière première que les alchimistes s’ingénie à transformer en or.   


Y'a t'il des écueils à éviter ? peut-on parler de nos rêves à tt le monde ?

Oui, il y a un écueil à éviter et c’est celui de la crainte.
Je pense particulièrement aux visions cauchemardesques, aux poursuites, aux luttes à mort, aux monstres dévorants…
Nous devons savoir que les visions les plus effrayantes ne représentent pas un danger en elles-mêmes,…. le rêve n’est jamais agresseur      même lorsqu’il figure une situation d’agression.
Dans ces moment-là, le rêve témoigne d’un enjeu dont nous sommes l’objet et que notre environnement nous impose.
Les situations dangereuses existent bien mais,  c’est parce que nous sommes insuffisamment conscient de la gravité de l’enjeu ou parce que nos aprioris nous empêchent de voir une malveillance cachée derrière une attitude apparemment affectueuse, que le rêve sort le grand jeu pour bien  nous alerter haut et fort.

Le rêve est toujours bienveillant, toujours, il n’y a aucune exception, même lorsqu’il nous semble sauvage et effrayant.

Alors, quand à savoir si l’on peut parler de ses rêves à tout le monde, je recommande de n’en parler qu’à des personnes qui nous sont proches et avec lesquelles nous avons des affinités.

Un rêve nous appartient, il est précieux et seuls ceux qui ont la même sensibilité que nous peuvent le recevoir sans le réduire et l’abîmer. 
interlude musical (1-2 min)
-2eme partie : interprétation
Alors, pour cette première émission avant de passer à l’étude d’un rêve et à son interprétation, de manière à ce que nos auditeurs puissent bien suivre, je voudrais donner quelques clés sur la nature psychique      des clés fort simple mais tout à fait indispensables à la compréhension du décryptage des rêves.

La première clé consiste à savoir que sur le plan psychique, nous avons en nous, dans l’inconscient, un pendant autrement sexué qui joue un rôle prépondérant dans notre vie. C’est du bon développement, de la bonne croissance de ce pendant que dépend notre épanouissement personnel.

Très concrètement, avoir dans l’inconscient un pendant autrement sexué, cela veut dire que lorsqu’on est femme, on a en soi, dans l’inconscient un élément de personnalité masculin que l’on appelle animus et qui détient notre potentiel de réalisation au travers des qualités de logique, de raisonnement, d’autorité, d’affirmation de soi et plus largement de toutes les qualités que l’on attribue généralement à la masculinité.

Et lorsqu’on est homme, on a en soi dans l’inconscient un élément de personnalité féminin que l’on appelle anima et qui détient notre potentiel de sensibilité, d’intuition, de créativité, de douceur et plus largement de toutes les qualités que l’on attribue généralement à la féminité.

La seconde clé est de savoir ces éléments de personnalité, l’anima et l’animus sont ce que l’on appelle des archétypes, que les archétypes sont du domaine de l’inconscient collectif c’est-à-dire qu’ils concernent tout le monde et qu’il n’existe aucune exception à cette structuration intérieure et que nous pouvons dire, en simplifiant un peu, que les archétypes sont pour nous des stimulants de l’action, une sorte de moteur psychique.

La troisième et dernière clé  c’est de savoir que l’anima et l’animus font partie des archétypes avec lesquels on commerce le plus, ceux auxquels nous avons le plus souvent à faire, pour la bonne raison que ce sont les plus proches de la conscience et de fait les plus influents sur notre comportement.
énoncé du rêve ----- explication

Le rêve que nous allons analyser est celui DE Louise, une petite fille de 11 ans, ou tout au moins qui avait 11 ans lorsque le rêve m’a été confié.
Les parents qui me l’avaient présentée pour des raisons inutiles de préciser ici ont accepté de participer à un travail familial et c’est après une dizaine de séances que ce rêve est survenu.

Louise voyait une île sur la mer où se trouvait un jardinier.

L’île était partagée en deux : d’un côté se trouvaient des palmiers, de l’autre des sapins.

Louise se retrouve sur l’île à côté du jardinier et une nuée noire de canards approche soudain de l’île.

Louise et le jardinier se réfugient sur un palmier mais ne peuvent ensuite ni monter ni descendre car les canards noirs bloquent le haut et le bas.

Puis au loin s’approche une immense raie volante dans le ciel et qui s’arrête à hauteur du tronc.

Louise et le jardinier montent sur la raie, Louise prenant des objets de sa grand-mère.

La raie vole alors vers la maison de la GM paternelle.

Cette dernière ouvre la porte, elle est maussade, sombre…

Louise se dirige vers une chambre qui est l’ancienne chambre de son père.

Elle y dépose les objets.

Ensuite la raie s’envole avec le jardinier et ils retournent sur l’île.

Louise, elle, se retrouve avec plusieurs autres enfants dans une rue sombre qui mène à son école.

Approchant de l’école, cette dernière est éclairée, normale, accueillante.

Alors ici, le rêve démarre comme un rêve initiatique.
Il y a une île sur la mer que Louise voit,
c’est-à-dire que le moi de la petite fille émerge à la conscience au fur et à mesure qu’elle grandit et sort de l’enfance
Elle est donc invitée à voir ce phénomène qui la concerne intimement, c’est-à-dire qu’elle en prend conscience.

Le jardinier représente l’instance psychique qui est à l’œuvre pour la faire croitre et cultiver ses potentiels personnel.
Il est une image de son animus.
Compte tenu de son âge, l’animus n’apparaît pas sous les trais d’un amoureux ou de tout autre personnage masculin érotisé, Il apparaît sous celui d’une figure masculine bienveillante, c’est-à-dire encore sous l’influence de l’image paternelle. 

L’île était partagée en deux : d’un côté se trouvaient des palmiers, de l’autre des sapins.
Il convient de préciser que le père de Louise est originaire d’une ville de la riviera méditerranéenne connue pour ses palmiers et que sa maman est originaire d’une région de montagne, couverte de sapins.
Riche de ces éléments, il est facile de conclure que les deux types d’arbres représentent les lignées de ses ascendants et qu’à l’aide de son ami le jardinier Louise est en train d’inventer sa culture personnelle, bien à elle, à partir des deux lignées, à partir de ses deux héritages.

Louise se retrouve sur l’île à côté du jardinier et une nuée noire de canards approche soudain de l’île.
Ici, les ennuis commencent puisque une nuée noire vient obscurcir le ciel tranquille.
Nous devons comprendre que la sortie de l’enfance et les premiers pas vers l’âge adulte et l’autonomie déclenchent des angoisses qui menacent l’émergence du moi.
Et ça, ce n’est pas normal, le fait de sortir de l’enfance est un fait naturel qui n’est pas anxiogène en soi.
Nous devons comprendre qu’il y a quelque part dans l’inconscient de quelqu’un qui lui est proche le refus ou la crainte de la voir grandir.

Pour donner quelques explications sur les canards il faut savoir que le père de Louise avait grandi dans un quartier populaire, que sa scolarité avait été quelque peu conflictuelle et qu’il s’était fait longtemps traiter de vilain canard…Et que même aujourd’hui, quelque part il se vivait encore comme un vilain canard.

On peut donc, à ce stade soupçonner  que les angoisses que subit Louise sont induites par le papa…mais nous verrons que ce n’est pas si simple, ou en tout cas que ce n’est ni tout à fait vrai ni tout à fait faux…

Louise et le jardinier se réfugient sur un palmier mais ne peuvent ensuite ni monter ni descendre car les canards noirs bloquent le haut et le bas.
Là, Louise est vraiment cernée et le jardinier, son moteur psychique, ne peut pas l’aider en l’état.
Les canards noirs bloquent le haut, cela signifie que Louise ne peut pas trouver de solution par la réflexion.
Les canards noirs bloquent le bas, cela veut dire que les instincts non plus ne peuvent venir la secourir.

Puis au loin s’approche une immense raie volante dans le ciel et qui s’arrête à hauteur du tronc.
C’est ici qu’on voit que la vie est bien faite…Alors que Louise est bloquée dans sa croissance, la voilà qui est secourue par son devenir.
Souvenez-vous, le jardinier à planté du potentiel d’épanouissement et avec la raie nous voyons arriver les fruits de ce qui a été planté.
La raie est une représentation de sa féminité naissante et du pouvoir par le charme que cette féminité procure.

Louise et le jardinier montent sur la raie, Louise prenant des objets de sa grand-mère.
La raie ici peut être comparée par la forme et par la fonction au tapis volant des contes orientaux. Le charme procure donc de la confiance en soi et donne la capacité d’atteindre ses buts.
Je vous demande ici de bien regarder car il y a une transformation : Les angoisses ne sont plus là, puisque la raie offre un échappatoire, et dès lors que l’on est plus sensible à la menace, les nuées sombres et mouvantes représentées par la multitude des canards apparaissent désormais sous forme d’objets immobiles qui représentent toujours l’angoisse, mais une angoisse dépassée, contrôlée, contenue, identifiée.
Nous comprenons que ces objets facteur d’angoisses sont ceux de la grand-mère, c’est-à-dire que si nous soupçonnions le papa tout à l’heure, nous nous apercevons maintenant qu’il n’est pas la source originelle de ces angoisses mais qu’il en a été  la victime et aussi le porteur puisque c’est à travers lui que Louise les rencontre. 

La raie vole alors vers la maison de la GM paternelle.

Puisque Louise  a identifié ce qui la préoccupe, elle sait désormais à qui aller demander des comptes, et elle ne se gêne pas pour y aller.

Cette dernière ouvre la porte, elle est maussade, sombre…
Il faut savoir que la grand-mère paternelle de Louise est aussi originaire de la riviera et que dans la vraie vie, au quotidien c’est quelqu’un d’enjoué et de jovial….Mais comme ici Louise est de l’autre côté du miroir, qu’elle a accès au-dessous des cartes, elle voir désormais tout ce qui se cache derrière les apparences joyeuses de la grand-mère.

Louise se dirige vers une chambre qui est l’ancienne chambre de son père.

Elle y dépose les objets.
Nous pourrions qualifier ce segment du rêve de retour à l’envoyeur.
Par son attitude décidée et son geste précis Louise dit en substance à son père et à sa grand-mère qu’elle n’est pas concernée par leurs histoires, qu’elle remet les choses à leur place et que la mère et le fils n’ont qu’à régler leurs problèmes entre eux sans chercher à lui faire porter son fardeau !

Ensuite la raie s’envole avec le jardinier et ils retournent sur l’île.

Louise, elle, se retrouve avec plusieurs autres enfants dans une rue sombre qui mène à son école.

Approchant de l’école, cette dernière est éclairée, normale, accueillante.
Une fois que les objets intrus, source d’angoisse, ont été remis à leur place, l’union sacrée entre conscient et inconscient, ce moment intense et exceptionnel lié à la menace n’a plus lieu d’être, chacun peut retourner à ses occupations dans son propre monde, le jardinier, dans le monde inconscient  retourne à son travail de croissance sur l’île, Louise, dans la vie de tous les jours retourne à l’école, et c’est ici que nous voyons la dernière transformation :
Cette rue sombre qui mène à l’école, c’est-à-dire cette difficulté à grandir au quotidien, avec des incidences réelles sur la scolarité, ce passage sombre, débouche sur un lieu lumineux et accueillant, c’est-à-dire qu’après l’épreuve passée avec succès se trouve la récompense de se sentir bien dans sa peau en phase avec soi-même et confiant en son devenir.

 

Et bien merci Gilbert, c’est sur cette interprétation que nous allons clore ce premier chapitre, et je vous rappelle que vos propositions de rêves, vos commentaires et vos questions sont à adresser à Radio Oloron….


 

Rêve, que dis-tu ? Emission N°2, Les Rêves Prémonitoires.

 

THOMAS, RADIO OLORON
GILBERT, ANALYSTE


Bonjour Gilbert nous voici réunis pour notre deuxième session mais nous avons déjà une question.
Dans la 1ere émission, vous nous avez proposé l'interprétation du rêve de Louise. L'analyse du rêve a été réalisée lors d'un accompagnement familial, du coup vous possédiez un certain nombre d'informations sur cette famille, origine du père, de la mère, en rapport avec les essences d'arbres présents sur l'île.

Est-ce qu'une interprétation peut avoir la même pertinence sans ces renseignements sur la famille ?

Au travers de cette question de bon sens, vous abordez un sujet qui fait débat depuis l’aube de la psychanalyse.
Freud tenait compte de l’historique personnel de chacun pour l’interprétation des rêves, et même, il ne tenait compte que de cela dans la mesure où il considérait que les rêves prenaient leurs sources dans la sphère instinctive et qu’ils étaient l’émanation ou la compensation de désirs refoulés.
Il cherchait donc à les interpréter à la manière d’un rébus dont les champs cachés avaient été censurés par la morale religieuse ou sociale et par l’éducation.
Le problème était que même lorsqu’on soumettait à Freud un rêve alors qu’il ne savait rien du rêveur, il ramenait toujours systématiquement  l’interprétation à des préoccupations instinctives et terre à terre, matérialiste, si vous préférez.
Il en était ainsi parce qu’il ne voulait rien entendre de l’inconscient collectif et de ses notions d’universalité.

Jung, au contraire, père de l’inconscient collectif était d’une certaine façon tombé un peu amoureux de sa découverte et finissait par accorder une importance sans doute excessive à la symbolique pure puisqu’il voyait du transcendant et du symbolique jusque dans la sphère instinctive.
Il n’y a rien de faux à voir du symbolique et du transcendant dans l’instinct mais on affaiblit la portée du  sens de ce que l’instinct produit lorsqu’on refuse de voir son aspect purement animal, purement pulsionnel.
Ce refus a quelque chose de suspect, il est la marque d’une gêne envers la puissance de l’état de nature, et plus largement envers la puissance mystérieuse du désir ou de la volonté féminine lorsqu’elle s’affirme et se manifeste.
En se cantonnant à ce point dans l’universel, pour ne pas dire dans le généraliste, on ampute le rêve d’une part importante de son sens et on prive les analysants d’une interprétation plus riche, plus vraie, plus libératrice.

Donc, pour être concret, par rapport au rêve de Lise, oui, bien sur la connaissance de l’environnement familial est primordiale mais les images à elles seules auraient pu permettre de guider la réflexion et le décryptage.

Une île, par exemple, nous parle sans ambiguïté d’une émergence à la conscience, et ensuite, le contexte du rêve nous précise de quel type d’émergence il s’agit.

Les arbres représentent très souvent les racines familiales, l’héritage des générations précédentes.
La sagesse populaire ou les chansons populaires reprennent d’ailleurs souvent ces thèmes…Lorsque Brassens chante au pied de mon arbre, il parle bien de sa relation à son père.

Le vol des oiseaux noirs, ici des canards mais qui sont très souvent figurés aussi par des chauves-souris, tous ces animaux qui évoluent dans l’air figurent le domaine de la pensée, mais vu leur couleur et vu, pour les chauves-souris, qu’elles dorment la tête en bas c’est-à-dire sens dessus dessous, elles sont les idées noires, ce sont des éléments de dépression.

La raie ou le tapis volant représentent souvent la pensée créatrice féminine.
Vous voyez dans les contes orientaux le héros s’élever magiquement porté par son tapis volant.
Chez Aladin, le tapis volant représente la volonté de shéhérazade son amoureuse qui le voit haut, qui le voit beau, qui le voit grand et aladin dont la confiance en lui est boosté par cette pensée créatrice féminine est littéralement porté dans la société et réussit.
D’où l’image du tapis volant.
Ainsi, d’une certaine façon c’est la femme qui fait l’homme, d’où l’adage populaire qui nous dit : Si vous voulez connaître l’homme, cherchez la femme.

Donc, pour répondre à votre question, oui, il est possible de comprendre le sens du rêve et de le déchiffrer sans connaître la vie du rêveur, mais on ne doit jamais oublier les éléments concrets de cette vie qui en sont l’élément moteur et on ne doit jamais oublier d’utiliser la transcendance du symbole pour élever le quotidien à un rang signifiant, on ne doit jamais rater une occasion de pouvoir mettre du merveilleux ou tout au moins de la lumière inspirante sur les éléments du quotidien. 

Les symboles qui façonnent le rêve sont là pour nous dire, notre quotidien, quelque qu’il soit, il n’est pas banal, c’est le notre, c’est notre vie, elle est extraordinaire puisque reliée au mystère et il n’y a pas de petits pas, il n’y a que des grands pas puisque c’est dans la matière que nous évoluons et que cette matière est justement le lieu ou le mystère se révèle.

 Est-ce que la réponse vous semble satisfaisante ?

Tout à fait, nous allons pouvoir entrer dans le vif du sujet d’aujourd’hui, à savoir les rêves prémonitoires.

Il ne faut bien le dire, le rêve prémonitoire est un type qui est rare, on n’en rencontre pas dans tous les recoins des cabinets analytiques, mais pour autant, il en survient et lorsqu’ils surviennent, nous devons apprendre à les reconnaître et à accompagner sur le plan de l’émotion et sur le plan de la raison, le rêveur qui en reçoit un.

Nous avons vu dans la première émission que le phénomène du rêve est lié au mystère, Question mystère, le rêve prémonitoire, surpasse tous les autres.
Parmi les phénomènes psychiques objectivement observables, il est probablement celui qui nous contraint le plus au rigorisme analytique tant la prémonition est troublante.
Voir l’avenir est d’une grande étrangeté pour toute personne habituée à maîtriser son espace et à connaître l’ordinaire déroulement du temps.

La prémonition, dès lors que nous avons l’honnêteté intellectuelle de ne pas la nier et le courage de nous y confronter, elle nous pose tout un tas d’interrogation par rapport au temps, par rapport au lien entre matière et temps, par rapport au destin et à la notion de liberté dechoix…autant de sujets qui en rajoutent couche sur couche pour en arriver à une complexité maximum face à laquelle notre raison doit rester solide.
Notre raison doit pouvoir compter sur toutes les ressources analytiques de la conscience pour comprendre ce qui est,    sans se laisser aspirer dans des spéculations farfelues.  

Donc, pour bien baliser notre cheminement, je voudrais commencer par distinguer ce qui est du domaine de la prémonition et qui fait partie de notre sujet d’aujourd’hui de ce qui est du domaine de la télépathie, qui n’est donc que partiellement lié aux rêves et qui de fait relève d’un autre sujet.

Je vais clarifier les choses en prenant un exemple précis, il s’agit justement d’un rêve qui pourrait passer pour un rêve prémonitoire mais qui est strictement du domaine télépathique bien qu’apparaissant dans un rêve. 

Le rêveur est un jeune homme de 19 ans, il fait partie d’une bande d’amis, filles et garçon et une nuit, il rêve qu’un couple qui fait partie de la bande vient frapper à sa porte.
Il ouvre et la jeune fille du couple lui dit : José et moi nous nous enfuyons, mon père nous rend la vie impossible, nous ne pouvons plus supporter ça.
Le rêve se termine là et au réveil, il en garde un très vif souvenir et reste très marqué par le regard de ses deux amis, un regard plein d’anxiété mais aussi de détermination.
Le rêve l’amuse et il prend son téléphone pour appeler la sœur de cette amie, c’est avec elle qu’il est le plus familier, donc c’est elle qu’il appelle pour lui raconter son rêve.
Ils en rient tous les deux plaisantent un peu sur l’absurdité des rêves puis finissent par raccrocher.
En fin d’après-midi, le rêveur entend frapper à sa porte, il va ouvrir et se trouve nez à nez avec la sœur de son amie, elle est complètement paniquée.
Elle lui raconte qu’au moment du déjeuner, sa sœur n’était toujours pas apparue, que sa mère était allée la chercher mais que la chambre était vide.
Il y avait juste un mot explicatif exprimant le fait qu’elle partait avec José et que c’était définitif et qu’elle ne supportait plus son père qu’elle trouvait beaucoup trop heu…disons… obtus.

Le rêveur et son amie étaient très troublés de la fuite des jeunes gens et aussi très troublé du phénomène apparemment prémonitoire, il est assez choquant de rêver d’un fait et de voir ce fait se réaliser dans la journée qui suit.

Je dis bien apparemment prémonitoire parce qu’il y a une différence importante entre avenir et concomitance.

La prémonition pure, la vraie prémonition est la disposition à connaître par avance un fait non encore survenu.

La prémonition apparente est une concomitance, elle est une disposition sensible à être prévenu d’un évènement au moment où il se produit ou très peu de temps après qu’il se soit produit.   

Toute la différence entre la prémonition pure et l’apparence prémonitoire tient dans toute la différence qu’il y a entre entendre ou voir ou ressentir n évènement en train de se produire et  prévoir un évènement avant qu’il ne se produise.

Lorsque nous entendons psychiquement la survenue d’un évènement, même si nous le percevons au travers d’un rêve, nous sommes sur le même mode que la réception radio, nous sommes dans le domaine de la télépathie.

Le domaine de la télépathie est un monde de sympathie harmonique, les êtres proches ou non proches mais ayant quand même des similitudes, disons une sorte de cousinage au niveau de la sensibilité de la pensée sont réunis dans l’océan de l’inconscient par une sorte de réseau sympathique.

Vous, moi, nous avons dans l’inconscient des liens de sympathie, d’affinité avec des personnes que nous connaissons ou ne connaissons pas mais qui sont d’une certaine façon sur la même longueur d’onde sensible que la notre.
Et c’est ce réseau connectif qui fait que vous éprouvez immédiatement de la sympathie ou pas envers une personne que vous rencontrez pour la première fois.
L’expression populaire consacrée lorsqu’on n’aime pas quelqu’un consiste à dire : Celui-là, ou celle-là, je ne peux pas le ou la sentir…..
Traduction psychique : Celui-là ou celle-là ne fait pas partie de ceux qui évoluent sur la même longueur d’onde que la mienne, je ne peux pas sentir, sensitivement parlant, sa présence sur mon réseau.

Lorsque les deux amoureux du rêve ont décidé de s’enfuir, l’intensité de leur tension émotive a eu un pic qui a laissé une trace sur le réseau, et toutes les personnes proches ou en phases avec elles ont eu l’intuition, ont senti ou ont vu sous forme d’image le message envoyé par le couple.

Ce rêve d’apparence prémonitoire est donc affilié à la notion de concomitance sympathique ou de télépathie.

Il s’agit de quelque chose de très répandu et de très commun, c’est le même phénomène qui permet à un groupe de musiciens ou à un groupe de danseurs d’improviser tout en donnant une impression d’harmonie.
Ça marche aussi pour les sports d’équipe ou bien sur les combinaisons sont travaillées à l’avance mais ou les équipiers se trouvent aussi sur le terrain à l’aveugle, de façon intuitive, pour ne pas dire de façon télépathique.    

Voilà, donc j’espère à ce stade que nous avons bien clairement écarté le phénomène télépathique qui n’a donc que l’apparence de la prémonition et nous allons pouvoir maintenant nous pencher sur le rêve prémonitoire pur.

Nous connaissons des exemples de rêves prémonitoires qui peuvent concerner l’histoire personnelle d’un rêveur, nous en connaissons d’autres de natures plus collectives qui peuvent concerner des communautés, des peuples, ou des civilisations …..

Mais nous n’en connaissons aucun qui soit léger ou superficiel.

Vous ne rencontrerez jamais un rêve prémonitoire évoquant un thème banal, les rêves prémonitoires ont toujours traits à des sujets dont les enjeux sont importants et bouleversant.

Sans aucune exception, les rêves prémonitoires purs ont trait à des ruptures majeures ou à des émergences majeures.
Dans le cas des ruptures majeures les rêves prémonitoires ont traits à la catastrophe : maladie, mort, révolte, guerre, c’est-à-dire qu’ils ont traits à la manifestation d’une fin de cycle ou à la manifestation du moment  de son premier affaissement vers son déclin final.
Ou alors,
Dans le cas des émergences majeures, ils ont trait au renouveau, à l’impulsion vitale des commencements de monde et aussi à la gloire, à l’apogée d’un cycle, et cela va avec les guérison, les mariage….entre deux personnes,  ou,  entre un peuple et son héros, son président, je pense à l’afrique du sud et à Nelson Mandela par exemple…
Les naissances, d’un enfant, d’un pays, d’une ère philosophique ou technologique…comme celle de l’atome, ect ect,  

Les rêves prémonitoires sont la perception, la connaissance par l’intériorité de ces moments précis que sont les équinoxes et des solstices dans la course des cycles .

Pour bien comprendre le phénomène, il faut se souvenir que dès lors qu’un cycle d’existence est lancé il passera par une phase d’émergence par une phase d’accélération suivi de son apogée, de sa gloire, puis par une phase d’affaissement suivi en bout de course par sa mort. 

Ces quatre temps, deux solstices et deux équinoxes, sont commun à tout ce qui vit ou porte du feu en lui.
Tout élan de vie, s’il n’avorte pas prématurément, connaîtra ces quatre temps, et chaque surgeon de cet élan, connaîtra ses cycles particuliers courts au sein du plus grand cycle général.

C’est justement parce chaque phase de chaque cycle a son propre ADN et sa propre trajectoire que l’on peut déduire de son état et de sa position à quel moment et dans quelles conditions surviendra le prochain changement d’état et comment il se manifestera concrètement à la surface du globe parce que, à chaque changement de temps, à chaque solstice ou à chaque équinoxe, il se trouve dans une position de conjonction avec le reste du monde créé et que ces temps de conjonction sont comme des balises émettrices à langage unique que l’on peut parfaitement identifier.

Donc,  si j’ai bien compris,  l’état de tout ce qui vit,  et la manière dont cette vie évolue,  laisse présager de la suite des évènements….. et cela vaut pour la vie humaine,  dont on peut prédire ou déduire les grands moments, c’est bien ça ?

Oui, c’est bien ça.
Ce qu’il m’importe particulièrement c’est que vous puissiez saisir que le phénomène de la prémonition     n’est une étrangeté     que pour notre être conscient, l’inconscient, lui, voit, déduit et prévoit en toute simplicité, il est au contact des cycles, il échange avec eux,  il les connaît il les lit à livre ouvert et peut nous alerter de certains évènements.
Dès lors que certaines balises ont émis au moment de la conjonction entre un cycle particulier et tout le reste du cosmos, d’une certaine manière c’est un peu comme si l’avènement de la prochaine étape était écrit dans le ciel et qu’il ne restait plus à l’inconscient qu’à en guetter les signes avant coureurs.
C’est l’inconscient collectif que Jung a découvert et vers lequel Freud n’a pas voulu se tourner.
Je dis bien certains évènements…parce que avec bientôt 8 milliards d’habitants sur terre, avec 197 pays reconnus par l’ONU, la quantité d’évènements personnels, familiaux, nationaux et internationaux, même si on ne retient que ceux à fort enjeux méritant d’être remarqués, cela  atteint des quantités extraordinairement élevées, il faut des filtres pour ne pas être constamment envahi par la marche du monde.
Ces filtres c’est nous même, c’est ce qui nous constitue, et de part ce que nous sommes il y a des événements que nous retenons parce qu’ils entrent en résonnance avec notre sensibilité, avec nos centres d’intérêts ;..Ou bien, qui ont à voir avec notre groupe ethnique, ou social ou philosophique…

J’ai fait ce grand détour explicatif concernant les cycles et l’articulation des processus  pour que l’étrangeté de la prémonition devienne moins inquiétante, et même mieux, si je l’ai fait c’est pour que la notions de prémonition vous devienne un peu plus familière, un peu plus apprivoisée puisque vous savez maintenant qu’on peut la décrire et l’expliquer en des termes que la rationalité et la logique peuvent admettre.  

C’est en effet rationnel et logique…même si cela reste quand même encore un peu étrange…..
Mais pouvez-vous illustrer ce qui précède au travers de quelques exemples.

Oui, je vais prendre l’exemple d’un sujet qui dans le monde occidental et plus particulièrement en Europe a focalisé beaucoup de rêves prémonitoires entre l’année 2004 et le début de l’année 2005, il s’agit du décès du pape Jean Paul II.

Je n’ai bien sûr eu connaissance que d’une infime fraction d’entre eux, mais les échantillons que j’ai pu connaître sont très fiables et d’un grand intérêt.
J’en ai retenu trois, tous les trois datent de 2004, soit entre 6 et 8 mois avant le 02 Avril 2005 qui est la date du décès.

Là, il n’y a pas de doutes, prévoir un évènement 6 à 8 mois avant qu’il ne se produise, ce n’est pas de la concomitance, c’est pleinement de la prémonition, et de ce que nous connaissons de ces processus, nous pouvons dire qu’au moment du solstice précédent, les balises annonçant  la fin de cycle de Jean Paul II en tant que personne et celle annonçant sa fin de vie en tant que pape se sont déclenchées ….et toutes les personnes en phase avec ces cycles se sont alors mises en veille pour en guetter les signes avant-coureurs de l’avènement.
Ce sont ces signes avant-coureurs que les rêveurs ont captés et visualisés quelques mois avant l’évènement.

Voici ces rêves :
Dans le premier rêve, le rêveur nous dit qu’il voyait la place St Pierre à Rome, qu’elle était noire de monde, la foule était recueillie et il savait qu’il s’agissait de la mort de Jean Paul II.
Ce rêveur m’a également dit que lors des reportages de télévision, la vue générale de la place St Pierre retransmise par les caméras correspondait tout à fait à son rêve, son souvenir et ces images étaient en tous points identiques.

Dans le deuxième rêve, le rêveur voit Jean Paul II sur son lit de mort et une multitude de pèlerins arrivent du monde entier pour lui rendre hommage, les images sont un peu floues mais il est étonné parce que le lit est bien posé sur le sol, les pèlerins les plus proches marchent bien sur le sol, mais ceux que l’on voit plus loin, car il y en a beaucoup, ont l’air d’être au-dessus du sol.

Troisième rêve : Le rêveur nous dit qu’il prend un journal, qui sans vouloir faire de publicité s’appelle LE MONDE et qu’en première page il lit : Mort du pape.

Il est important de tout de suite remarquer que même si cette mort est figurées de diverses façons, aucune de ses façons n’est farfelue abracadabrante ou exaltée.

Je voudrais justement comparer ces rêves simples qui sont des quasi témoignages à celui survenu en 1961 à une religieuse Mère Elena Aiello

MORT DU PAPE MÉRE ELENA AIELLO VENDREDI SAINT 1961
«Oh, quelle horrible vision je vois ! Une grande révolution se déroule à ROME ! Ils entrent au VATICAN. LE PAPE est tout seul, il prie. Ils tiennent LE PAPE. Ils le prennent avec force. Ils le frappent jusqu'à le faire tomber. Ils le lient. Oh mon DIEU ! Oh mon DIEU ! Ils lui donnent des coups de pied. Quelle scène horrible ! Cela est terrible ! … NÔTRE DAME s'approche. Ces hommes mauvais tombent à terre comme des cadavres ! NOTRE DAME aide LE PAPE à se relever en le prenant pour le bras, Elle le couvre avec Son manteau et il lui dit : – Ne crains pas !»

http://leraton-laveuretl-aigle.blogspirit.com/mort-du-pape/

C’est un rêve qui en son temps a été pris au premier degré et qui a causé beaucoup d’inquiétudes…
Aujourd’hui, nous avons un peu de recul depuis son avènement, je vous rappelle qu’il est survenu en 1961, que nous sommes en 2016 et que dans cet intervalle de 55 ans il n’y a aucun Pape qui se soit fait sortir du Vatican à coups de pieds aux fesses. 

Alors, rien ne dit que si nous avons la patience d’attendre encore 55 ans nous ne verrons pas  un tel évènement, mais lorsque nous avons à faire à des rêves un peu théâtraux avec une trame construite, nous savons que nous avons plus à faire à un rêve hautement symbolique qui intervient dans la profondeur de la psyché et qui concerne spécifiquement le rêveur, plutôt qu’à un rêve prémonitoire.

Comme vous pouvez le constater, les rêves qui prédisent la mort du pape quelques mois à l’avance sont très courts, précis et surtout, ils ne racontent pas une histoire, il n’y a pas de trame, c’est juste la description d’un fait.
De plus, même s’il y a prémonition, nous sommes à une échelle de temps assez courte, nous parlons de quelques mois.

Lorsque les pré-visions concernent des temps très éloignés du notre, et à condition que nous ne confondions pas un rêve personnel avec une prémonition, comme c’est probablement le cas pour le rêve de Madame Elena Aiello, nous sommes alors à l’échelle de la prophétie.

La prophétie n’est pas du tout notre propos d’aujourd’hui, même si je ne dirais pas qu’il n’y a strictement rien à voir entre la prémonition et la prophétie, mais nous sommes vraiment dans un autre registre, un registre que nous pourrons évoquer s’il y a des questions à ce sujet.

Pour en revenir à nos trois rêves, je vous prie de constater qu’il y en a deux que nous pouvons qualifier de réalistes et un que nous pouvons qualifier de symbolique.

Les deux réalistes sont ceux de la vision de la place St Pierre avec la foule en deuil et celui du journal qui annonce la nouvelle, même si nous ne pouvons pas être sur certain que la hune du monde ait été exactement celle que le rêveur avait vue.
La symbolique est celle du lit de mort et des pèlerins dont certains semblent flotter dans les airs dans le lointain.

Les deux rêves réalistes émanent de personnes qui ne sont pas du tout pratiquantes, même si elles sont teintées de culture judéo chrétienne et qu’elles ressentent au fond d’elles une sorte de foi.
Le rêve symbolique émane d’une catholique pratiquante.
C’est vraiment la nature de chaque personnalité qui induit la manière dont l’évènement sera représenté, vous pouvez constater que les deux premières personnes ont vu l’évènement tel que leur construction mentale leur permettait de le voir et la troisième l’a vue de façon plus collective, d’une manière plus intérieure, plus au travers du cœur et de la sensibilité qu’au travers de l’objectivité puisqu’elle a vu à la fois l’évènement et aussi la tristesse et la dévotion de ses frères d’églises qui accouraient de tout l’océan de la chrétienté.

Alors, que les choses soient bien claires, je ne suis absolument pas en train de dire qu’une vision religieuse du monde empêche une vision réaliste, de toute façon, à la finale chaque personne a vu la même chose, à savoir la mort du pape Jean Paul II et que seule la façon de voir a été différente.
La psychanalyse n’a pas de jugement de valeur par rapport à la religion, elle constate juste les particularités des représentations qui apparaissent à la conscience des pratiquants et des non pratiquants, de quelque religion que ce soit et elle constate aussi que le fait d’être non pratiquant, païen, philosophe, libre penseur, n’empêche en aucune façon la relation profonde à l’inconscient.

Juste pour être complet je vous livre à titre d’anecdote que la personne qui a lu la mort du pape dans le journal en 2004 avait aussi lu dans ce même journal, lu entre guillemets, le titre suivant : La navette spatiale s’abime, et ça, c’était quelques semaines avant que la navette américaine Challenger n’explose en vol.

C’est vraiment très troublant, mais la prémonition ne peut-elle pas aussi intervenir autrement qu’au travers des rêves ? Je pense..je ne sais pas…aux boules de cristal, à la cartomancie…aux médiums….

Ah, là, vous touchez ce que j’appelle un sujet sensible, beaucoup d’entre nous sont souvent très émoustillés par le désir de connaître l’avenir.
Je vous répondrais qu’il y a une grande différence entre recevoir naturellement des informations depuis l’inconscient parce que nous sommes en phase avec tels ou tels sujets…,et qu’il s’agit là d’une information que je qualifierais de légitime, nous la recevons parce que nous pouvons la recevoir, parce qu’il est dans l’ordre des choses que nous la recevions…

Et entre le fait de forcer les choses par curiosité, par impatience, par anxiété au travers de pratiques qui d’une façon ou d’une autre ont à voir avec la magie.
Je pense que les médiums, eux, ont une éthique et qu’ils ne délivrent, d’une manière appropriée que des informations ne pouvant pas fondamentalement changer le destin de leurs consultants, mais pour ce qui est des diseuses ou des diseurs de bonne aventure qui en toute innocence décrivent ce qu’ils voient, je dirais qu’ ils participent comme complices à une certaine forme de triche.
C’est de la triche que de vouloir échapper aux épreuves que le destin nous construit, c’est un peu comme vouloir passer un examen en tentant de connaître les questions à l’avance….Or nous le savons bien, le plus souvent l’important, ce qui compte pour nous, ce qui nous forge, ce n’est pas tellement les réponses que nous trouvons mais bien la manière dont nous nous comportons face aux épreuves, et donc, il faut les vivre pleinement, authentiquement pour que nous puissions franchement les dépasser.
  
Je ne cherche absolument pas à ruiner la corporation des diseuses de bonne aventure, mais malheureusement, au plus elles sont douées, au plus leurs prédictions sont précises, au plus elles participent à la triche et donc, à l’errance de leurs consultants.

Le problème des voyants n’est pas qu’ils soient bons ou mauvais, il n’est pas de savoir qu’ils soient des charlatans ou d’authentiques surdoués, le problème est qu’ils participent à une fraude au détriment de l’épreuve et du réel.

On peut tricher avec son percepteur et en tirer un certain bénéfice, mais tricher avec nous même se fait toujours à notre détriment.

Bien, nous allons terminer cette cession sur ce conseil avisé.
Je vous rappelle que pour la suite de nos émissions, nous sommes dans l’attente de vos commentaires et questions, mais surtout, nous sommes dans l’attente de vos rêves dont l’interprétation sera confiée à Gilbert.
Au revoir à tous et à bientôt.

 

 

Rêve, que dis-tu ? Emission N°3, Les rêves Initiatiques.

 

THOMAS, RADIO OLORON
GILBERT, ANALYSTE

Bonjour Gilbert, nous voici réunis pour notre troisième émission, celle qui a trait aux rêves initiatiques, alors êtes-vous prêt ?
Oui oui, je suis prêt !
Alors allez-y, l’antenne est à vous !
Merci Thomas ! ^^

L’initiation est un sujet qu’il convient d’aborder avec prudence et nous allons essayer d’éviter l’écueil des malentendus de façon à ne nous fâcher avec personne et de ne surtout pas mettre radio Oloron dans l’embarras.

Le point est que même si nous parlons de l’aspect initiatique de certains rêves, le terme initiation est un enjeu dont se sont emparés depuis longtemps un certain nombre de sociétés, de confréries ou d’associations qui peuvent être en compétition les unes avec les autres et en arrivent à revendiquer une certaine prépondérance au sommet de la pyramide des connaissances.

Le plus souvent, chacune d’entre elles  a une idée assez précise de LA vérité, et, à cause de ça, certains de leurs membres peuvent devenir parfois un peu chatouilleux s’il advient que l’on  contrarie LEUR vérité.

Je voudrais donc qu’il soit bien entendu ici que nous n’avons pas d’autre prétention que de nous mettre au service du décryptage des rêves sans tabou et lorsque nous constatons un rêve initiatique nous en donnons la transcription la plus fidèle possible sans chercher à vérifier si cela correspond ou pas aux standards reconnus pas les diverses écoles philosophiques ou religieuses. 

Il me semble utile de préciser les choses de cette façon parce que les rêves dans leur expression ne cherchent pas à plaire ou à satisfaire au consensus général, ils sont une expression totalement indépendante des attentes égotiques humaines.

 

Enfin, pour en finir avec ce qui fait l’originalité d’une initiation lorsqu’elle se produit au travers des rêves, c’est qu’elle est individuelle et au fil de notre vie, l’inconscient procède en temps réel à toutes les mises à jour qui sont en phase avec notre évolution personnelle.
Notre initiation personnelle évolue à notre rythme et bénéficie de révélations adaptées à la personne que nous sommes.

Ceci étant dit, nous pouvons nous concentrer sur notre sujet et en tout premier lieu, il convient de définir ce que recouvre le terme initiation.

Sur le plan analytique, l’initiation est l’accès à la connaissance du sens caché,  et à la connaissance des véritables enjeux qui se dissimulent derrière la marche du monde.
Etant donné que chacun d’entre nous fait partie de la marche du monde, le sens de notre vie se découvre aussi au travers de la révélation initiatique.

Nous en arrivons au fait que si le sens est là mais que tout le monde ne le voit pas, c’est que la connaissance ou la rencontre avec le sens dépend de celui qui regarde.

L’initiation consiste donc à être instruit par la révélation traditionnelle du lieu vers lequel doit se porter notre regard et de la manière adéquate dont il doit être posé ; Sans jamais oublier que le regard est ce qui permet de tisser du lien entre nous-même et ce qui nous entoure.
Nous sommes ici, bien entendu, sur un plan figuratif, lorsque je parle de regard je parle de notre relation sensible au monde, et c’est justement l’amélioration de cette qualité sensible, disons de ce radar ou de ce scanner psychique, qui fait qu’êtres, choses et situations en arrivent à être de moins en moins cachées et de plus en plus lisibles pour l’initié.

Généralement, le lieu vers lequel l’initiation nous encourage à regarder est le monde de notre intériorité,

la manière dont elle nous encourage à le faire est la voie du cœur,

et l’épreuve qui sépare ceux qui peuvent savoir de ceux qui ne le peuvent pas est celle de la confrontation à la justice et à la vérité.   

Tant que nous avons une notion variable de la justice, c’est-à-dire tant que nous en sommes à trouver des justifications à des injustices que nous avons subies ou commises et tant que nous nous accommodons de ces situations sans jamais les analyser objectivement et en les laissant perdurer, par confort émotionnel, en espérant que le temps les effacent….

Tant que nous n’avons pas l’honnêteté intellectuelle et le courage de nous regarder tel que nous sommes, tant que nous nous prenons pour quelqu’un que nous ne sommes pas…………………...La tradition initiatique du rêve aura beaucoup de mal à nous toucher dans ces conditions.

Le principe est là : Pas de désir de justice, pas de désir de vérité =  pas d’approfondissement, pas d’initiation.

Cependant, ne vous méprenez pas, ce n’est pas parce que ce principe est ainsi que pour autant, tous ceux qui pour X raisons n’en sont pas encore à la bonne hauteur dans leurs rapports aux notions de justice et de vérité en deviennent des parias de l’inconscient.

L’inconscient ne discrimine pas selon un jugement moral mais exclusivement selon des paramètres préétablis qui font que l’on peut percevoir ou pas telle ou telle longueur d’onde.
Il suffit que notre maturité et notre sens des responsabilités s’épanouissent pour que notre réceptivité à plus de dévoilement s’améliore aussi.

Le fait de ne pas être en mesure de recevoir des rêves initiatiques n’empêche en aucune façon de recevoir tous les autres types de rêve et cela n’enlève rien à la bienveillance de l’inconscient qui se place toujours du côté du rêveur. 

D’accord Gilbert, nous pouvons donc constater que la définition du terme initiation n’est pas figée mais qu’elle est plutôt évolutive, pouvez-vous maintenant nous donner quelques exemples de rêves initiatiques ?

Deux points avant que nous passions à des exemples de rêves initiatiques et à leur interprétation :

Premier point, il faut savoir que le langage mythique au travers duquel l’initiation se produit, est notre première langue maternelle.
Chacun d’entre nous possède tous les acquis et tous les codes qui permettent de l’appréhender avec naturel et immédiateté.

Vous allez mieux comprendre si je vous précise que durant les premières années de sa vie l’enfant voit tout et vit tout de matière mythique.
Il y a un laps de temps assez long avant que les contingences matérielles lui fasse mesurer à quel point il est un être de chair et à quel point il devient important pour lui de se départir de cette extase bienheureuse que procure la vie mythique, pour au contraire, apprivoiser son nouveau milieu de manière à le contrôler et à s’y mouvoir facilement.
Ensuite, au plus l’aspect matériel de la vie devient primordial pour l’enfant, au plus la vision mythique s’estompe, jusqu’à ce que au fil du temps elle ne soit plus qu’une fonction secondaire réfugiée dans l’inconscient.

    
Il y a des caractères chez lesquels la relation au mythe est un peu plus marquée que chez d’autres et dont on pourra dire qu’ils sont des enfants doux, rêveurs, naïfs.
Mais, de la naissance jusqu’à l’âge où le mythe se retire dans l’inconscient, nous avons tous vécu un sentiment d’unité participative au monde, nous avons tous échangé et communiqué avec notre entourage selon la voie du cœur, selon les codes de la flagrance du vivant, sur un mode archétypal, c’est-à-dire : avec un sentiment d’éternité.

Notez bien ça : Avec un sentiment d’éternité.

Et maintenant que nous avons parlé de flagrance du vivant, de sentiment d’éternité, de voie du cœur, d’unité participative au monde……N’imaginez pas une seule seconde que ce monde dont nous sommes nés, et en lequel nous avons été baigné, n’a laissé aucune trace ni aucun souvenir dans ce qui nous constitue et n’imaginez pas une seule seconde que cette capacité à se sentir uni, participant et connecté au reste du cosmos se soit transformé en un vieux trognon desséché et inutilisable à jamais.
Ce qui est psychique ne se détériore pas et ne se perd pas non plus, par contre, cela peut glisser hors de portée de la conscience et tomber dans l’oubli.

De tout ce que nous venons de dire peut apparaître une définition complémentaire au terme initiation : L’initiation est la reconnexion volontaire au monde mythique oublié.

Ce n’est pas là quelque chose de nouveau puisque beaucoup d’entre nous, dans un autre milieu et dans un autre contexte  ont déjà pu lire ou entendre: « Pour connaître dès à présent le royaume des cieux il faut redevenir comme les enfants. »
Mais il n’est pas mal non plus d’exprimer ce point hors contexte religieux, du simple point de vue psychanalytique.

Second point, il ne vous a pas échappé que c’est la proximité d’avec le mythe, propre à l’enfance, qui donne ce sentiment d’éternité, l’enfant ne pense pas la mort, il ne la comprend pas, le concept lui reste étranger et de fait, elle ne l’inquiète pas.     

La première conséquence de la perte de contact d’avec le mythe est qu’une réalité humaine assez déplaisante se présente à notre conscience et à notre réflexion : Nous sommes mortels, et c’est inexorable !


C’est ce qui rend la disparition du mythe de notre vie constructive, en nous mettant  les pieds sur terre, bien en face d’une réalité qui nous inquiète et nous interroge.

Qui ne s’est jamais anxieusement posé la question en prenant vraiment vraiment conscience de son statut de mortel et de l’aspect totalement inéluctable de cette issue : Mais enfin, bon sang, ça sert à quoi tout ça, pourquoi vivre puisqu’à la fin, on meurt ?

Et de cette question, nous apparaît une nouvelle définition du mot initiation :
L’initiation, c’est tendre à connaître le sens de la vie, et à nous déterminer par rapport à la question que pose la mort !

Et hop ! Une définition de plus du terme initiation ! ^^

Oui, allez, arrêtez de me taquiner, voici le premier rêve !

Ce premier rêve que nous allons évoquer, ce n’est pas moi qui l’ai recueilli, je l’ai sélectionné parmi les ouvrages d’un ami décédé.
Les ayants droits ne m’ont pas m’autorisé à citer cet ouvrage ni à mentionner le nom de son auteur.
Cela ne m’empêche pas de vous proposer ce rêve et comme cet ami était psychanalyste, je vais me contenter de reproduire ses commentaires.

Il y a juste à savoir, pour la bonne compréhension de l’interprétation, que l’homme qui rêve est de religion juive.

Voici ce rêve : Mon père me plantait des punaises le long de ma colonne vertébrale du bas jusqu’en haut et je savais que l’on me faisait ainsi remonter la lignée de mes ancêtres. En même temps, c’était le grand escalier extérieur à larges marches du Lycée ou j’avais longtemps été élève. C’était intense à vivre et une force comme du feu montait en moi. Puis, je me retrouvais avec de petites statuettes que je remettais à d’autres personnes.
Je savais que j’avais réalisé la pierre philosophale et je partais.
En donnant ces statuettes comme on transmet un héritage, un enseignement, une protection, je disais : Attention au désert de Gobi. 

Alors, nous allons nous limiter à quelques extraits de commentaires puisque les commentaires complets sont assez longs et très élaborés au point qu’il n’est pas possible de les porter ici dans leur entier, d’autant plus que parfois ils dépassent la limite du psychique pour empiéter sur le religieux.
Pour ma part, je ne vois rien de scandaleux à observer aussi les choses sous l’angle religieux mais en concertation avec Thomas, ce n’est pas l’angle que nous entendons privilégier sur radio Oloron.

Donc, voici un extrait de ce que nous dit le rêveur sur son propre rêve :
 La remontée de la lignée, la capacité de recevoir ce que transmettent les ancêtres, loin de s’opposer à la découverte du nouveau, la prépare et la permet. Il fallait que je fusse marqué dans la chair de mon dos, c’est-à-dire, de l’autre côté de la conscience, par toute la pérégrination du peuple juif pour parvenir à cette réalisation, la pierre philosophale.
La colonne vertébrale est à la fois celle de l’histoire et celle de l’œuvre, en même temps qu’elle intègre nos ascendants au sein de notre configuration individuelle. Nous portons notre lignée autant qu’elle nous porte.
La réunion avec les aïeuls se délivre du temps pour s’effectuer d’ores et déjà non pas au profit des anciens mais en faveur du nouveau.
Chaque punaise plantée symbolise et réalise une ouverture de la conscience intime grâce à laquelle s’abolit la différence entre corps et psychisme. 
Le corps de chaque être, s’il est éveillé, récapitule l’histoire au travers de son arbre généalogique en même temps qu’il accomplit la montée de la conscience.
Les statuettes représentent ici les archétypes fondamentaux de la vie spirituelle.
Je les présentais comme un héritage parce que je devenais père selon l’esprit,
Je les présentais comme un enseignement car je n’allais plus cesser désormais d’annoncer le chemin,
Je les présentais comme une protection parce que j’avais appris à me protéger des ennemis de l’âme et qu’il m’était permis de partager cette expérience avec ceux qui courent le risque du voyage au-dedans.    

Donc, c’est la fin de cet extrait, c’est un rêve rare qui représente un peu le haut du panier des rêves initiatiques.

Autre rêve que cette fois j’ai recueilli et interprété, ce qui est aussi le cas de tous ceux qui suivent :
Je suis dans une petite rue pavée de PARIS avec des escaliers et un muret.

Au bas de ce muret se trouve une flaque d’eau qui me fascine, c’est en fait une fontaine, elle exerce sur moi une véritable attraction magnétique.

La scène change, le lieu se trouve inclus à l’intérieur d’une grande bâtisse, comme un théâtre, un cinéma, un musée. Il y a un guide touristique qui ressemble à un homme de télé très connu qui fait un commentaire historique sur le lieu a une foule de gens habillés en sombre ou en gris.

Il parle des évènements survenus en ce lieu, je me sens concerné.

Il parle des légendes liées à la fontaine.

En même temps qu’il en parle, je fouille dans cette fontaine qui ressemble maintenant aux flaques d’eau dans lesquelles je jouais, enfant.

Je trouve des bigorneaux et du sable. Je continue de creuser et de fouiller et je trouve cette fois une carte, un plan de palais ou d’église aux couleurs or et rouge avec les emplacements de couloirs secrets comme dans les pyramides égyptiennes qui débouchent sur la chambre du Roi.

Pendant ce temps le commentateur atteint le paroxysme de son exposé, il parle de ces fameux plans et de la fameuse chambre du roi.

J’ai l’impression d’être en habits d’époque, je tiens le plan dans ma main prêt à les montrer à tout le monde pour illustrer ses propos lorsqu’il déclare que bien entendu tout ça ce sont des on dits et que maintenant nous allons allumer la lumière et passer à autre chose. ( J’ai l’impression qu’il m’a vu et que c’est volontairement qu’il fait semblant de ne pas me voir ).

Je suis très surpris et en urgence je m’engouffre dans une voiture pour dissimuler mon apparence et les documents que je tiens en main pour que rien ne soit vu en pleine lumière.

Lorsque la lumière est allumée, on voit les balustrades et le décor de la pièce ou nous étions, je suis toujours caché dans la voiture et me réveille en sursaut.

Alors nous n’allons pas interpréter tout ce rêve mais juste nous concentrer sur certains points :
Vous pouvez constater qu’il y a un homme public célèbre qui attire l’attention sur des sujets légendaires, qu’il y a une foule de curieux qui vient se distraire en écoutant des amusettes, ce sont les personnes en sombre et en gris et qu’il y a un individu qui est à ce point attiré dans l’histoire qu’il en subis une transformation vestimentaire et entre concrètement en possession de plan précis qui indiquent le chemin.

Le fait de ressentir une attraction magnétique pour la flaque fontaine représente les dispositions du rêveur à être intéressé par l’inconscient.
La juxtaposition de la flaque et de la fontaine marque le lien qu’il y a entre visible et invisible, ce qui est visible, c’est la flaque, ce qui est caché derrière le visible, c’est l’origine de la flaque, à savoir la fontaine.
Le visible interpelle, les questions que l’on se pose par rapport à ce qui nous interpelle ouvrent la porte de la connaissance des origines. 

La scène change, il n’est plus question de petite fontaine ou le rêveur est tout seul, mais de bâtisse ou se trouve une petite foule et un homme de télé.
Cela veut dire que le questionnement individuel du rêveur se confronte à la masse des gens en gris qui ne se posent jamais de questions et à la pensée générale de l’époque représentée par l’homme de télé.

La conscience individuelle cherche à se déterminer par rapport à la conscience sociale.

Pendant un temps le rêveur est naïf. En entendant le commentateur parler des merveilles cachées, il croit que tout le monde est sur la même longueur d’onde, c’est-à-dire qu’il croit que le commentateur et la foule en gris sont comme lui des chercheurs sincères qui s’approfondissent et il ressent l’élan généreux de partager ses trouvailles avec autrui. 

Mais il comprend juste à temps que l’homme de télé, c’est-à-dire la voix de cette élite qui gère les choses sur le plan politique économique et médiatique tient un discours désespérant vis-à-vis du mythe et de l’inconscient.
Le message que l’homme de télé fait passer est que ce n’est même pas la peine de chercher les trésors de l’inconscient puisqu’ils n’existent qu’à l’état de légendes, c’est-à-dire sans aucune réalité utile. Ne perdez pas votre temps, ça n’existe pas….
Et juste derrière il allume les lumières, c’est-à-dire qu’il impose sa vérité à lui.
En d’autres termes la voix de l’élite dit : Ne descendez pas dans votre intériorité, c’est un mirage, il n’y a rien, restez plutôt branchés sur notre version du monde, orientez-vous vers les idéologies que nous contrôlons, vous pouvez prendre n’importe laquelle, vous êtes libre de vos choix, de toute façon ça n’a aucune importance, la seule chose qui compte c’est de vous détourner de votre intériorité et de vous interdire la possibilité de réfléchir par vous-même, de devenir indépendant et de fait d’échapper à notre système de contrôle des masses. 
Tout cela, toutes ces merveilles, elles ont peut-être exister en leur temps, mais aujourd’hui, à notre époque, les maîtres, c’est nous !

Ici, en même temps que le rêveur découvre le chemin vers lui-même, il comprend la situation de ses contemporains et l’état dans lequel se trouve notre société, et les habits étranges qu’il porte marquent ce sentiment d’être étranger à notre époque et cette forme de solitude à laquelle est condamné celui qui sait vraiment ce qui se cache derrière les apparences du moment et toute la diffficulté qu’il y a à partager son expérience sensible.     

Voici un autre petit rêve très amusant :
Un homme qui se sent plein d’interrogation se voit en compagnie d’un autre homme.
Ce deuxième homme, contrairement au premier est plein de certitudes.
Ils discutent ensemble mais les certitudes du second ne répondent pas aux interrogations du premier.
Du coup, le deuxième homme se met en colère et accuse le rêveur d’invalider ses certitudes avec ses maudites interrogations.
Le message du rêve est que la réponse ne doit jamais faire cesser la question.
Le monde est en marche, la vie évolue et une réponse n’est valide que dans le temps où elle est donnée.
Dès que ce temps est passé, la question se repose sous une autre forme et dans un contexte différent.
La leçon à retenir est : Tout est transitoire !   

Un autre rêve reçu aussi par un homme :

Mon épouse et moi devons aménager pour un temps dans la  sous pente de notre ancienne maison. Je me fais du souci car  c’est très vieux, décati, humide, vermoulus et je crains qu’elle ne s’insurge, mais elle rentre et s’installe dans le taudis  avec un grand sourire et des livres.

De l’ouverture de la sous pente on a vue sur la coupole d’une cathédrale.

J’ai peur que la poutre principale de la cathédrale ne s’effondre, j’observe la façon dont celle-ci est maintenue et il y a une attache métallique de très bonne qualité, il y a de la rouille mais uniquement des traces superficielles.

Je suis dans la Cathédrale, d’un côté contre un mur il y a une statut de la vierge avec des fleurs à ses pieds.

D’un autre coté sur un mur en lettres d’or étaient écrits des noms de personnes suivis d’une qualité.

Parmi les noms j’y ai lu le mien et la qualité était « plume ».

Nous n’allons pas décrypter tout le rêve qui n’est pas exclusivement initiatique.
Nous pouvons quand même dire qu’il est venu à un homme qui cherchait professionnellement sa voie.
Nous dirons ici que la cathédrale représente l’être profond du rêveur et que la vierge représente cette force de nature fertile qui est à la base du potentiel de chacun.
Son nom, le nom du rêveur, est projeté et inscrit sur le mur d’en face et il le voit, c’est-à-dire que cet homme se reconnaît comme un fils de cette nature ce qui en d’autres termes signifie qu’il prend conscience qu’il accepte de se laisser porter et d’être porteur de ce potentiel.
A partir du moment où il se met dans cette disposition d’acceptation et de volontarisme, la révélation advient. Lui qui était en recherche de lui-même et professionnellement dans l’errance apprend qu’il a une qualité de plume, à savoir qu’il peut gagner sa vie en écrivant.
Pour la petite histoire, cet homme est aujourd’hui attaché parlementaire et écrit tous les discours d’un sénateur.

Un autre rêve :

Il y a un grave incident à la RATP à cause d’un fraudeur qui ne veut pas payer son billet et qui réagit violemment face aux contrôleurs. Suite à cette perturbation les trains ne circulent plus. Je rencontre des ingénieurs, peut être américains, peut-être de l’aérospatiale de TOULOUSE, ils me disent qu’à défaut de pouvoir bouger, je vais pouvoir étudier leurs itinéraires sur une carte traçante. Et en effet j’ai sous les yeux une carte qui est une photo prise par un satellite qui représente les méandres d' un grand fleuve américain et sont tracées dessus les routes empruntées par les ingénieurs; j ' étudie ces traces qui me semblent être des révélations pleines de sens.

Je me retrouve ensuite dans les couloirs d' un lycée, je demande à un camarade comment s' appelle le professeur, on me réponds qu' il s' appelle nigger, je demande ce qu' il nous enseigne. On me regarde bizarrement, visiblement surpris que j' ignore toutes ces choses; on me réponds qu' il nous enseigne l' allemand. Dés que l' on prononce ces mots, cela fait tilt dans mon esprits et je sais que j' ai quelque chose de très important et de très urgent à faire.
je me précipite vers la gare de la R.A.T.P où règne toujours la confusion; je vois un vieillard de dos, puis j’essaie de comprendre et d’intégrer ce qui se passe grâce aux enseignements des ingénieurs. Il y a alors des rayons lumineux à large bande qui font jonction entre les faits et ma tempe. Ces rayons sont rouges et bleu, les couleurs se mélangent, je perçois la valeur hautement symbolique de ce qui arrive dans mon esprits, je me rends compte que ce sont des rayons très concentrés denses et compacts avec de multiples significations dont j’ai conscience pour certaines mais dont la plupart deviendra consciente plus tard, et tout ceci est très intense. J’ai l' impression d' être un disque laser sur lequel on enregistre des tas de choses Je me retourne vers le vieillard, il est de face cette fois et il s' agit de CG.JUNG, il ne dit rien, mais son regard confirme tout ce que je pense et me montre ses mains avec  les 10 doigts tendus, il fait le geste deux fois, et je comprends : dans 20 ans.

Ici non plus nous n’allons pas interpréter tout le rêve mais juste la partie choisie qui correspond à notre propos.
Je vous dirais juste, pour permettre la compréhension qu’il s’agit d’un rêve ancien qui est survenu assez tôt dans la vie du rêveur et qu’il avait noté à l’époque sans très bien le comprendre.  
Disons que la fraude au billet correspond à une erreur de direction qui s’est produite au temps de la jeunesse et la réaction violente face au contrôle, marque l’impossibilité du rêveur de se raisonner même lorsqu’il a conscience de l’erreur.
La fraude veut dire qu’il se ment à lui-même et que du coup, le trafic, c’est à dire son devenir optimal en phase avec sa nature et son potentiel s’en trouve bloqué. 
Du coup, il faut que l’inconscient mette le paquet en lui faisant prendre de la hauteur de manière à ce qu’il ait une vision plus globale du déroulement du grand fleuve de sa vie ainsi que du sens de son existence de manière à ce qu’il cesse sa révolte et se raisonne.
Il revient dans l’existence pour apprendre les leçons de son quotidien et préparer son avenir, ce qui est représenté par le lycée et dès lors qu’il est dans ces dispositions d’esprit il redevient connecté à son devenir, ce qu’il a à faire devient flagrant pour lui et il revient là où il s’était révolté pour enfin rencontrer la part de lui qu’il ne voulait ni connaître ni réaliser.
Il s’agit ici de rencontrer l’ancêtre de sa lignée philosophique, ici, carl gustav Jung qui lui transmet tout l’héritage de tous les dévoilements compris et assimilés par cette branche philosophique.
Ce sont des contenus denses et lourds qui ne donnent pas toute leur mesure dans les jeunes années d’une vie, l’initiateur, Jung, indique que le tout ne commencera à rayonner qu’à l’issue d’une vingtaine d’année.
Jung était psychanalyste et devinez quoi, le rêveur est devenu psychanalyste grosso modo 20 ans après avoir fait ce rêve….Et bien entendu, je ne vous dirais pas de qui il s’agit !  
Voici enfin le dernier rêve de l’émission.

Le rêveur se trouve dans le vide, en train de chuter, comme s’il était tombé d’un avion.
La sensation de réalité est bluffant et l’issue certaine aussi.
Aussitôt qu’il pense ça, il se dit : Et bien, c’est un moment de vérité, je vais enfin savoir si la mort existe ou pas.
Il en ressent une grande tristesse puis ses pensées changent, il se dit qu’après tout, si finalement il n’y a rien après la mort et bien tant pis, tout sera fini, et la chute se poursuit dans cette sorte d’impatience de pouvoir être enfin fixé.
A force de  chuter le rêveur finit par voir le sol, il a du mal à comprendre ce qu’il voit sous lui est qui est un vaste rectangle vert émeraude.
Il sait que c’est la terre, mais ne la reconnait pas puis il comprend que c’est la forme que prend la terre lorsqu’elle est vue par d’autres yeux que les yeux de matière et bouleversé il s’écrit : Mon Dieu, la table d’émeraude !
Puis, il entre en contact à grande vitesse avec le sol qui se révèle être cotonneux et doux, et il ne meurt pas.
Le lieu est sombre, et lorsque sa vue est acclimaté il constate être dans un immense hangar dans lequel il marche longtemps.
Il finit par trainer les pieds pour faire du bruit, entendre un écho, et à ce moment-là, il voit une statue du christ sur la croix.
Il continue à marcher puis rencontre une vierge noire assise sur une simple chaise en train de donner le sein à un enfant noir.
A ses côtés il y a un simple carton avec un serpent dedans.
Il se dirige vers eux, toujours en faisant du bruit avec ses pieds et la vierge fronce les sourcils en lui disant : Chuuuuut, nous, les faiseurs de serpent, nous avons besoins de silence.
Puis, elle lui montre du menton un couloir qui s’élève avec au bout le reflet de la lumière du jour et le rêveur se dirige vers là.

Il n’est pas question de développer le décryptage de ce rêve, mais nous disions plus haut qu’une des définitions de l’initiation était le fait d’apprendre à se déterminer par rapport à la mort.

Ici, c’est très exactement ce que fait le rêveur, il se met dans des dispositions d’esprits telles que le fait de risquer de mourir est moins important que celui d’avoir une réponse.
Il est dans un instant de vérité, il accepte le fait qu’il puisse ne rien y avoir, ce qui ne le dérange pas, mais il est déterminé à savoir, il est tout entier suspendu à la question qui est devenue à ce moment-là le seul sens, le seul intérêt de sa vie.

Cela ne veut pas dire qu’il s’en fiche de mourir, cela veut dire qu’à ce stade de son évolution sa vie ne peut plus progresser qu’en ayant trouvé une réponse au mystère de la mort  et le rêve lui fait vivre cette épreuve extrêmement réaliste pour lui fournir une réponse.

Alors nous sommes bien d’accord que tout cela se passe exclusivement dans les rêves  et je ne conseille absolument à personne de se jeter d’un avion sans parachute juste pour voir ce qu’il se passe !
Pour conclure sur les rêves initiatiques, je laisserai la parole aux prêtres égyptiens :  

Sur le parvis de leur temple se trouvait une statue d’Isis voilée et ils avaient gravé sur le socle de cette statue : Aucun mortel n’a soulevé mon voile.

Il faut regarder les choses en face, il n’existe aucun survivant égyptien de l’époque des pharaons, pourtant certains prêtres étaient reconnus comme étant immortels.
Cela doit nous amener à la conclusion que selon la terminologie initiatique, être immortel a une signification précise : Etre immortel parle de celui qui a obtenu par l’épreuve, la connaissance de ce que la mort est un passage et en aucun cas une fin.
Je tiens à préciser que le moyen de l’épreuve est très important, sans l’épreuve, il peut y avoir une croyance, mais il ne peut pas y avoir la connaissance vécue de la chose.
Et bien Gilbert je vous remercie de cette session qui était plutôt décoiffante, je pense que nous allons avoir pas mal de réactions et de questions auxquelles vous répondrez lors de notre prochaine émission.
Je ne vous quitterai pas sans rappeler à nos auditeurs que nous attendons leurs rêves et qu’ils seront proposés à l’interprétation de Gilbert !  

 

Rêve, que dis-tu ? Emission N°4, Mémoire traumatique. ( Script partiel )

 

THOMAS, RADIO OLORON
GILBERT, ANALYSTE

 

Bonsoir Gilbert,
Le temps a passé très vite, nous voici déjà à notre quatrième émission.
Nous aborderons aujourd’hui ce qui selon vous représente l’essentiel de la production onirique, à savoir les rêves liés à la mémoire traumatique.

Oui, et pour que nous puissions bien comprendre ce dont il est question, il convient de bien préciser que l’homme est loin d’être une petite chose fragile.
Nous sommes tous calibrés pour être capable de nous adapter à notre époque et à notre environnement, nous sommes tous calibrés pour être capables de nous confronter à la compétition et aux circonstances défavorables de la vie, et lorsque les situations sont hors norme, en terme de dangerosité et de déstructuration, la psyché dispose d’un outil supplémentaire, un outil automatique qui est un peu comme un dispositifs d’aiguillages qui agit tel un fusibles lorsque la conscience ne peut plus gérer toute seule l’intensité de ce qui est vécu.

Cet outil s’appelle le refoulement.

Lors du refoulement
La conscience ne reçoit plus les faits, toutes les informations que l’on reçoit en temps réel sont stockées dans un grand placard de l’inconscient.
Ces informations sont composées des faits eux même, des émotions portés par les acteurs de la scène refoulée, c’est-à-dire des émotions extérieures à nous même, ainsi que les émotions que nous ressentons, celles induites par la scène que nous refoulons.
Il y a donc dans ce placard un grand melting pot factuel et émotionnel, dont le volet émotionnel entremêle des affects qui nous sont personnels et des affects qui viennent d’autrui.

 

Donc Pendant tout le temps ou la conscience se met ainsi hors service ce sont les instincts qui pilotent  notre comportement ;
Et lorsque la situation redevient gérable, la conscience reprend les rênes.   

L’idée, le but de la manœuvre, c’est que plus tard, à tête reposée, au travers des rêves ou des méditations on rouvre ce placard ou tout se trouve enchevêtré comme une pelote de laine mal rembobinée, avec des nœuds et des entremêlements compliqués et que l’on démêle le tout, patiemment, jusqu’à reprendre correctement  le fil des choses, mettre de l’ordre dans les affects jusqu’à digérer le tout et en faire une expérience de plus qui nous construit. 

Mais voilà, le problème c’est que les choses ne sont pas toujours aussi simples.

Ce bel outil de refoulement et de travail différé sur le refoulé n’est possible que dans les situations de difficultés naturelles, c’est-à-dire que nous parlons de situations ou les acteurs ou les circonstances sont ce qu’elles sont en terme de caractère et d’agressivité mais où chacun avance ses arguments loyalement pour faire valoir son point de vue…C’est-à-dire que même si la situation est très chaotique avec des pics d’agressivité, on est toujours dans l’échange et le dialogue.

Dès lors que l’on s’éloigne de l’échange et du dialogue et donc du respect de l’autre, dès lors que l’on est prêt à l’écraser, à l’éliminer, à l’ignorer, à le rendre transparent et à l’effacer du jeu, c’est-à-dire, symboliquement, à l’effacer de la vie, on introduit un nouvel enjeu qui est un enjeu de vie ou de mort.
D’ailleurs l’expression avoir un squelette dans son placard renvoie à une situation refoulée au cours de laquelle on a symboliquement tué quelqu’un ou au cours de laquelle on a été symboliquement tué.

Cette notion d’enjeu de vie ou de mort introduit un phénomène nouveau qui est celui de la fragmentation de la psyché.

Quelles sont les conséquences de cette fragmentation ?

Et bien, autant sur les rêves de mémoire traumatique simples, cette mémoire reste accessible, le refoulé n’est pas ignoré, en quelque sorte,  nous disposons d’une poignée sur notre placard qui nous permet de l’ouvrir et de nous pencher à tête reposée sur ce qu’il y a à l’intérieur….
Autant le placard  des refoulements à enjeu de vie ou de mort demeure inaccessible, il est isolé sans plus aucun lien avec la conscience, c’est comme s’il n’y avait pas de poigné pour les saisir, et ils s’engloutissent dans l’oubli.

La fragmentation de la psyché a ceci de très ennuyeux, c’est qu’elle interdit d’avoir un point d’accès au contenu de ces placards.

Le travail analytique permet de les déceler au travers des symptômes qui apparaissent dans l’humeur et le caractère de l’analysant et qui sont autant de moyen de compenser leur influence.

Et, les rêves sont aussi les vecteurs au travers desquels ces placards oubliés réapparaissent pour que l’on s’occupe enfin de leurs contenus. 

A titre d’exemple nous allons commencer par un rêve ou la malveillance est en action avec  toutes les complications qui en découlent. 

Contrairement aux rêves prémonitoires ou initiatiques qui peuvent se satisfaire d’une certaine généralisation, les rêves de mémoire traumatique doivent vraiment être mis en perspective avec le tableau de vie du rêveur, avec son histoire.

Je vais donc vous présenter le profil du premier rêveur.

Il s’agit d’une jeune femme de 30 ans.
Elle a longtemps vécu dans une famille isolée qui vivait soit en huis clos soit en relation avec des milieux pseudo spiritualistes, voire sectaire.
Le père était le chef d’orchestre et la maman était très effacée, un peu infantilisée et reléguée au même rang que ses enfants.
Lorsque cette jeune femme a eu 17 ans son père a tenté d’en faire sa maîtresse, chose à laquelle elle s’est opposée avec la plus farouche détermination mais au prix d’une grande culpabilité, de grandes crises d’angoisses et un certain dégoût de son propre corps.

2  /    Les visages identiques

Dans ce rêve, j’étais d’abord dans une petite maison de ville mais j’ai compris qu’un meurtre avait été commis et je suis sortie de la maison pour ne pas être incriminée. Or, une fois dehors, j’ai constaté que toutes les personnes que je croisais avaient le même visage et que j’étais la seule à être différente (avec mon visage à moi). J’ai alors commencé à courir, j’avais peur d’attirer l’attention.
J’ai commencé à m’envoler en espérant avoir aussi mobilisé le pouvoir de me rendre invisible mais je n’en étais pas sûre et j’avais du mal à m’envoler.
Cela dit, ensuite je me suis très bien envolée, j’ai donc échappé aux personnes aux visages identiques et je suis allée très haut, dans les nuages, ne sachant pas où me réfugier.
Mais après avoir traversé un nuage, j’ai constaté avec effroi que de grandes cages se trouvaient dans le ciel, au-dessus des nuages et qu’elles tenaient emprisonnées des personnes comme moi, c’est-à-dire toutes différentes les unes des autres. Toutes ces personnes étaient nues et semblaient désespérées. Je ne sais pas à quoi elles étaient destinées mais j’ai senti qu’elles étaient en grand danger. Personne ne m’a vue et je suis partie plus loin en volant toujours, désespérée. Je ne me souviens pas bien de la fin du rêve. Il me semble que j’ai parcouru pas mal de distance mais je ne sais plus quelle a été l’issue. Je pense que j’ai dû aller dans un coin de campagne mais en me disant qu’on finirait par me retrouver et qu’aucun lieu n’était sûr.

Tel est le rêve qui m’a été raconté, nous allons commencer son interprétation :

Dans ce rêve, j’étais d’abord dans une petite maison de ville mais j’ai compris qu’un meurtre avait été commis et je suis sortie de la maison pour ne pas être incriminée.
Cette jeune femme considère son espace intérieur et prend conscience qu’un crime y a été commis.
C’est un crime sans assassin, en tout cas on ne le voit pas ou encore on ne veut pas le nommer, compte tenu de sa personnalité et de la gravité de l’acte, et come la nature n’aime pas le vide, s’il n’y a pas d’assassin à désigner alors que pourtant il y a bien crime et bien on en invente un.
Et justement pour que cet assassin désigné ne soit pas soit pas elle, elle qui est déjà victime, elle sort du lieu du crime, elle sort d’elle-même ce qui en d’autres termes signifie qu’elle renonce à être qui elle est et que, pour avoir l’air innocente, comme tout le monde, elle calque son attitude sur ce qu’on attend d’elle, elle conforme son apparence, son image, aux stéréotypes en vigueur dans sa famille et dans sa communauté.

Or, une fois dehors, j’ai constaté que toutes les personnes que je croisais avaient le même visage et que j’étais la seule à être différente (avec mon visage à moi). J’ai alors commencé à courir, j’avais peur d’attirer l’attention.
Elle prend ainsi conscience que dès lors que l’on n’est plus fidèle à ce qu’on est, on n’est plus dans la croissance mais dans le simulacre, dans une sorte de copier-coller qui ressemble au réel sans l’être et cette jeune femme décide d’échapper à son sort en essayant de ne pas s’attirer les foudres du clan.   

J’ai commencé à m’envoler en espérant avoir aussi mobilisé le pouvoir de me rendre invisible.

Le seul moyen d’échapper à la tyrannie du clan semble être celui de se réfugier dans l’imagination ( s’envoler ) et dans l’obéissance ( être invisible ).

J’ai donc échappé aux personnes aux visages identiques et je suis allée très haut, dans les nuages, ne sachant pas où me réfugier.
Mais après avoir traversé un nuage, j’ai constaté avec effroi que de grandes cages se trouvaient dans le ciel, au-dessus des nuages et qu’elles tenaient emprisonnées des personnes comme moi, c’est-à-dire toutes différentes les unes des autres.

L’imagination est un excellent refuge mais elle se révèle aussi être un piège.
Il n’y a en effet qu’un seul lieu qui vaille pour se réaliser, c’est l’ici et le maintenant, en ce monde qui est le nôtre.
L’imagination est un refuge, mais il ne permet ni la croissance ni l’épanouissement.
Si l’imagination permet de préserver sa nature et son identité elle reste un frein à la croissance si elle est utilisée trop longtemps comme moyen d’évitement.
Elle est une solution provisoire, elle n’est pas une solution définitive. 

Toutes ces personnes étaient nues
C’est-à-dire qu’elles étaient exposées, abandonnées sans protection, le monde parental n’ayant pas joué son rôle de ce côté-là.

Et semblaient désespérées.
Lorsqu’un enfant n’est pas accueilli par l’amour et la générosité dans le cœur des parents, il est fatal que plus tard, cet enfant, ne trouve pas sa place dans le monde.
Pas de place dans le cœur des parents, pas de place dans la société des homes.

Je ne sais pas à quoi elles étaient destinées mais j’ai senti qu’elles étaient en grand danger.

La rêveuse sait très bien ce à quoi elles sont destinées puisqu’elle a elle-même été victime du crime, elle n’a toutefois pas encore à ce stade la capacité émotionnelle de verbaliser et de nommer les choses.
Elle ne le fait qu’indirectement et en évitant toute l’intensité des faits, mais nous savons que ces prisonniers du cœur sont destinés à mourir à eux-même, à leur nature, à leur destin, dans le but de servir de chair fraîche et de nourrir le cannibalisme de la névrose familiale, et au-delà, de la névrose sectaire.

Je ne me souviens pas bien de la fin du rêve. Je pense que j’ai dû aller dans un coin de campagne mais en me disant qu’on finirait par me retrouver et qu’aucun lieu n’était sûr.
Ici, la rêveuse constate avec une grande lucidité que dans sa situation de fuite perpétuelle, elle est condamnée.
Cela nous rappelle la situation du rêve précédent ou le jeune homme ne peut plus fuir et accepte de s’opposer à ses harceleurs.
Pour cette jeune femme la situation est beaucoup plus complexe et beaucoup plus troublante puisque ses harceleurs sont aussi ceux qui sont supposés être ses bienfaiteurs, à savoir ses parents.
A sa manière, elle aussi entre dans la résistance et dans la reconquête d’elle-même puisqu’elle sort du huis clos en racontant son rêve à un tiers, et que par ce simple fait elle entame déjà la toute-puissance de l’emprise, elle crée une faille dans ce qui semblait omnipotent, écrasant et éternel, elle constate au travers de sa démarche analytique que ce monde tyrannique n’est pas invulnérable et qu’elle n’est pas condamnée à vie à y obéir.  
C’est le début d’un long chemin, mais d’un chemin lumineux inspiré par l’espoir et la confiance retrouvée.