A Carhaix, le 17 Décembre 2017

 

Bonjour à tous, j’ai le plaisir de débuter cette journée de rencontre qui est organisée par l’association  "autour de la psychologie analytique"  dont Loïs est le président, en partenariat avec une autre association, qui est Caducée et dont Flora pourra nous dire quelques mots en fin d’exercice.

Je vais le faire sur le thème des pérégrinations sur les chemins de st Jacques de Compostelle, jusqu’à la rencontre, en toute simplicité, avec ……. la vierge mère !
Je tiens à rassurer tout le monde, nous sommes dans le domaine de la psycho analyse, nous nous intéresserons au psychique, au symbolique, au figuratif, mais je ne parlerai pas religion, et à la fin, personne ne passera dans les rangs avec un chapeau pour faire la quête !

Je ne voudrais pas commencer sans avoir au préalable remercié Loïs qui a déployé  beaucoup d’énergie et beaucoup de bonne volonté pour mettre en place cette dynamique de rencontre, et je voudrais d’autant plus le remercier qu’il y a dans l’état d’esprit de sa démarche, quelque chose avec lequel je suis profondément d’accord.

En tant que praticien, je veux dire, nous tous, en tant que praticiens, nous recevons des personnes en quête de sens, et nous savons que le mal être, la souffrance, les questionnements et même la perte de sens elle-même, au travers des phénomènes de burn out, par exemple, sont justement les premiers symptômes  de cette quête de sens, les premiers symptômes de ce besoin de rencontre avec la profondeur de l’être, les premiers symptômes de ce besoin de connaître sa nature intime.

Et, ce sont vraiment des  moments particuliers puisque dès lors que se révèle cette quête, nos chemins de vie ordinaires se trouvent pénétrés d’une dimension nouvelle, une dimension qui fait rupture avec notre quotidien.
Ce chemin de vie inspiré par la quête n’est plus un chemin profane, c’est un chemin caché, un chemin intérieur.
Il devient, symboliquement parlant, un chemin de pérégrination, que l’on peut nommer, de façon figurative, chemin de St Jacques, parce qu’il y a un élan, un appel, un magnétisme qui le caractérisent ainsi.
Nous verrons plus précisément pourquoi le terme chemin de St Jacques, mais nous pouvons poser dès maintenant, que le chemin de St Jacques, c’est le nom donné par la tradition ésotérique à notre cheminement intérieur.

Un peu à l’instar de Mr Jourdain qui fait de la prose sans le savoir certain d’entre nous, au cours de leur approfondissement personnel, font une pérégrination sur leur chemin de St Jacques…. sans le savoir !

 

Donc, nos visiteurs sont en pérégrination, et cela change pas mal de chose, à commencer pour nous praticiens qui, de fait, changeons de statut.
Nous ne sommes plus des psy machin truc bidule, nous  devenons des hôtes, des hospitaliers qui accueillent ces visiteurs et les accompagnent plus ou moins longtemps sur leur chemin de St Jacques à eux.

Et c’est là que la démarche de Loïs prend tout son sens.

Dans un monde qui fait assez peu de cas de la chose sensible et de l’invisible, dans un monde qui veut tout institutionnaliser et tout contrôler par le collectif ;  
ce qui nous pose de vrais problèmes puisque ce que nous savons, nous, des chemins de St Jacques, c’est que ce sont des chemins d’individuation qui s’émancipent du collectif et qui rejettent tout contrôle.      

Dans ce contexte de défiance de l’institutionnel, et quand je dis défiance, cela va très loin puisque même l’institutionnel conçu par nous est suspect !
Je vous renvoie à toutes les sociétés psychanalytiques, y compris les junguienne, vous pouvez vous approcher de leurs portes, mais au moment de sonner vous allez être pris d’une crise d’angoisse et partir en courant…
La liberté est non négociable.
L’individuation est liberté, la liberté n’a pas d’institution qui la matérialise.  

C’est pourquoi ce concept de regroupement d’hospitaliers, ce regroupement informel qui n’existe que le temps de la rencontre, c’est définitivement un concept qui laisse vivre le psychique sans le contraindre.

Notre regroupement est basé sur la reconnaissance respectueuse du travail de l’autre, sur la reconnaissance de sa capacité à recevoir la parole sensible et à lui donner droit et écho dans le monde incarné…

En Bretagne, ce concept de regroupement n’est pas nouveau, nos amis druides l’ont mis en place depuis quelques siècles…
Mais Loïs l’a remis au goût du jour, et je l’en remercie, tout comme je remercie chacun d’entre vous d’être là, avec cet état d’esprit et avec cette façon d’apporter sa chaleur humaine en faisant beaucoup de bien à tout le monde.
Vous avez répondu à l’appel de Loïs ainsi qu’à l’esprit qui est véhiculé par son appel, et pour ça, je vous dis, merci.

 

Vous l’aurez bien compris, ce n’est pas un merci tout à fait gratuit, puisqu’il a servi mon propos en permettant d’introduire cette notion de chemin de St Jacques telle que je vais la développer maintenant.

Et nous allons donc passer au cœur du sujet, avec toutefois en préalable, une petite information sur les circonstances qui nous ont amené là.

J’étais par une belle après-midi d’automne en train de boire une limonade avec un président d’association que je ne nommerais pas, et ce président m’a dit qu’il trouverait intéressant que certaines expériences personnelles soient présentées au cours d’une rencontre, réunion, débat…

Je suis à peu près d’accord avec lui, je pense que l’on peut parler de son expérience personnelle d’une façon propre, c’est-à-dire sans déverser des contenus mal digérés qui mettent tout le monde mal à l’aise…

Mais ceci à condition d’avoir la complicité de l’audience.

Il faut que l’audience tolère la nécessaire schizophrénie qui consiste à étudier un cas, avec toute la distance nécessaire à l’objectivité, tout en ayant à faire au témoin, à celui qui était là lorsque l’évènement s’est produit et qui ne peut pas tout à fait voir les choses avec une froideur clinique.

Donc, je fonde beaucoup d’espoir en votre capacité à tolérer la schizophrénie, même s’il ne s’agit que de schizophrénie artificielle mise en place pour la bonne cause.

Nous allons donc nous pencher sur l’émergence d’un gros gisement inconscient.

Il faut savoir que toutes les remontées inconscientes ne sont pas éruptives, toutes les expériences ne sont pas des expériences de feu qui vous laisse hébété et pantelant.

Ma rencontre avec le mythe de St jacques est du type doux, elle s’est déroulée sur plusieurs décennies, et je vais vous décrire le premier et le dernier rêve de cette saga.

Pour comprendre un des aspects du premier rêve, il faut savoir que lorsque j’étais enfant, parmi les bonbons à la mode tel que les carambars, il existait une petite coquille St jacques garnie de caramel aromatisé que les enfants consommaient en le léchant ou en le grignotant.        

Ce point étant vu, voici le rêve.

(Début du rêve)

J’avais une petite trentaine d’années, et j’avais une multitude de ces friandises par devers moi et j’étais assez content, à cause d’une certaine gourmandise, et je me frottais les mains avec une certaine concupiscence.
Et à ce moment-là, une voix douce mais ferme, pas contraignante, mais puissante tout en restant douce, m’a dit : Il ne faut pas les garder, il faut les semer.
(Commentaire intermédiaire)
J’étais assez déçu :
1) D’avoir été deviné, quelqu’un avait lu dans mes pensées
2) de me séparer de mes friandises…
Mais la voix m’a quand même touché, ce n’était pas une voix que l’on a envie de contrarier.( Fin du commentaire intermédiaire)
(reprise du rêve)
Je n’ai gardé qu’une seule St Jacques et j’ai laissé partir les autres, je leur ai donné leur envol…
Et là, elles se sont réparties dans le cosmos, comme si la pesanteur n’existait pas et se sont mises à suivre dans le ciel des trajectoires étranges comme si elles étaient douées de vie et aux prises avec des évènements que l’on ne voyait pas.

La voix a reparlé et m’a dit : <<Tu en reverras la plupart.
>>

(Fin du rêve)

Lorsque ce rêve est survenu j’étais en analyse didactique à Landerneau et bien sûr je l’ai raconté à mon analyste…
Avant de me répondre il a voulu connaître mon interprétation et comme à trente ans je n’avais pas peur du grand n’importe quoi je lui ai dit ce qui me passait par la tête.
Ca a donné quelque chose comme :

<<…Ben Voilà, heu….. je suis un mec radin, heu….. cette radinerie est induite par un infantilisme résiduel…..heu……>>

Et au fur et à mesure que je parlais, il ouvrait de grands yeux, jusqu’au moment ou il a eu pitié et ou il a décidé de ne pas me laisser m’enfoncer davantage, et il a parlé.

C’est donc avec cet analyste qui s’appelait Bernard Lempert que j’ai eu la première révélation sur la tradition ésotérique liée aux chemins de St Jacques.

Et au travers de ces révélations le rêve devenait tout autre, à tel point qu’une fois décrypté, j’avais 30 ans, je ne pouvais même pas imaginer que ce rêve pouvait me concerner.

J’avais l’impression que la cigogne s’était trompée d’adresse et qu’elle m’avait livré un colis destiné à quelqu’un d’autre !
 

Les coquilles saint Jacques, leur quantité, représentaient le potentiel de rencontres que je pourrai avoir durant ma vie d’hospitalier avec les personnes en harmonie avec ma nature, elles étaient ce que l’on appelle : " le magistère de l’hospitalier".  

Il fallait les laisser partir parce que le fait d’être informé du potentiel ne faisait pas de moi le propriétaire du potentiel, les choix de vie de chacun, y compris les miens feraient que les rencontres se feraient ou pas.

Il fallait aussi les laisser partir parce que seul celui qui ne garde pas l’autre pour lui, c’est-à-dire que seul celui qui n’est pas ogre ou cannibale envers son prochain, a la légitimité d’accueillir et d’accompagner. 

Le fait de semer, et de prendre le risque de ne pas revoir la personne représente le choix de la confiance envers le devenir, ce qui sur le plan de l’attitude correspond au fait de se mettre au service du cosmos et de ce dont il accouchera d’inattendu et de surprenant pour nous, ce qui fondamentalement, s’oppose à la certitude de garder…..
Un peu comme avec ses propres enfants on accepte le risque de les laisser devenir des adultes indépendants, libres de choisir de garder un lien avec nous ou pas, plutôt que de contrarier leur indépendance, de les rendre inadaptés malhabiles et bancals de sorte à être bien certain les garder auprès de nous, tout en refoulant le fait qu'à cette fin égoïste, nous les avons rendu dépendants et malheureux.  
D’où l'importance de l'absence de contrainte et du libre choix. 

Le fait que les coquilles St Jacques soient des friandises d’enfant porte l’idée que quelque soit son âge, c’est toujours avec son âme d’enfant et en toute innocence que l’on se tourne vers l’hospitalier.

A un deuxième niveau, toujours par rapport à l’enfance, nous en étions au point de départ et il fallait que chaque vie grandisse et se révèle avant que les circonstances de la rencontre se produisent ou pas et avant que chaque individu reconnaisse l’autre ou pas. 

Enfin, le rêve se termine par une prophétie : Tu en reverras la plupart….

Je pense que la portée universelle de ce rêve n’échappe à personne, et même si, tous ici n’ont pas le souvenir aussi précis de s’être frotté au mythe de St Jacques, ce schéma, cette organisation du monde sensible peut parler à tout le monde parce que chacun sait, au fond de lui, que le jeu des affinités avec les personnes qui comptent le plus pour nous se fait très en amont dans un lieu indiffèrent au temps.

Bien entendu, je ne veux pas trop m’avancer en ce qui concerne l’intuition d’autrui, mais vous me direz tout à l’heure ce que vous en pensez.

Le dernier rêve, puisque je vous l’ai dit, nous faisons le premier et le dernier, le dernier rêve donc, se situe 17 ans après le premier.

J’étais dans la seconde partie de la quarantaine et au niveau de mon tableau de vie et je devrais plutôt dire de notre tableau de vie puisque j’étais marié, et que je le suis toujours…avec la même personne !
Au niveau de notre tableau de vie donc, avec mon épouse, nous avions mis en place un système économique qui nous permettait de voyager, notre travail se faisait au fil de nos voyages.
Cela signifie que nous n’étions pas exposés aux contraintes du contexte social français, puisque nous n’étions pas là, et nous n’étions pas exposés non plus aux contraintes sociales des pays que nous visitions puisque nous ne faisions pas vraiment partie de ces sociétés que nous ne côtoyions que pour notre business et pour nos loisirs…
D’une certaine façon nous étions extrêmement décontractés par rapport aux contraintes collectives et à toutes les misères des sociétés dans leur aspect politique, et je parle bien de l’aspect politique, je ne parle évidemment pas de la misère humaine.
Nous regardions les évènements de loin en nous disant : Mais, les pauvres…Mais qu’est-ce qu’ils sont sots, mais sots…..
Les américains, les canadiens, les français, les russes, les norvégiens, tous…on riait en les trouvant sots et engoncés dans des problèmes qu’ils se créaient eux même par manque de discernement….
On se sentait légers, on se fichait de tout, nous étions en harmonie avec nous même, avec notre vie……
D’une certaine façon nous étions les parfaits touristes, nous étions au milieu des hommes comme si nous étions au spectacle.

Nous avions le niveau zéro d’implication dans le destin commun de l’humanité si ce n’était notre interaction économique au monde, et c’était parti pour durer.        

Et là, zorro….Le rêve est arrivé.

(Début du rêve) :

J’entrais avec mon épouse dans une auberge en Espagne.
Au moment même où nous entrions, je me souvenais vaguement que j’avais signé, il y a très longtemps, un contrat d’entreprise en association à 50%-50% avec St Jacques.
Et justement, après être entré, j’ai vu St Jacques attablé, l’air malheureux, en train de pleurer.
J’ai fait semblant de ne pas le voir et j’ai manœuvré pour qu’on aille s’assoir dans un coin ou il ne pourrait pas nous voir et nous non plus.
Je fus surpris de constater qu’il n’y avait pas d’endroit dans, l’auberge espagnole, ou on pouvait échapper à son regard.
A un moment mon épouse me fait remarquer avec surprise et contentement qu’il est là et j’essaie de la convaincre qu’elle se trompe.
Elle insiste et j’essaie encore de lui dire qu’il ne faut pas le déranger, qu’il a l’air triste, malheureux…Mais elle s’emporte et exige de moi que j’aille à la rencontre de mon associé, que c'est mon devoir.
A contre cœur, je finis par le rejoindre, et malgré ses pleurs, il me parlait d’une voix claire et calme en me rappelant les termes de notre contrat et tous les manquements qui étaient les miens depuis le moment où nous l’avions scellé.
Au fur et à mesure qu’il parlait il cessait de pleurer, son visage devenait impassible, un visage d’homme juste, et à ce moment-là, j’ai reconnu sa voix, c’était la voix qui m’avait parlé, il y a longtemps, dans le premier rêve de la saga, en me disant de ne pas garder mais de semer les coquilles St Jacques.
Tout l’aspect stérile de ma vie m’est alors apparu et autant St Jacques était devenu serein, autant, moi, plein de honte, je pleurais.      

Alors, jusqu’à ce jour, je ne savais pas qu’une pareille mise à nu pouvait être possible, je ne savais pas que le sentiment de honte, et de stérilité pouvait être ressenti avec autant d’acuité…..Il n’y avait aucune place sur terre ou je pouvais aller me cacher, et d’une certaine façon je n’avais plus d’autre choix que de faire face aux engagements que j’avais pris, très en amont, au-delà de ce dont je pouvais me souvenir, des engagements pris auprès d’instances psychiques qui nous regardent de haut.

Et, je suis retourné voir mon analyste qui vivait à Paris à ce moment là et qui était toujours vivant..
Il a eu un petit sourire en me revoyant, il m’a dit << ah, tient…>>
Je lui ai répondu maussadement << C’est bon, ça va, pas la peine d’en rajouter….>>

Et il a été sympa, il m’a mis le pieds à l’étrier de ses réseaux et petit à petit, j’ai retrouvé le contact avec les petites coquilles St Jacques que j’avais semées dans le cosmos il y a bien longtemps.

Elles avaient grandi depuis, il leur était arrivé plein de drôles de trucs….Et nous travaillons ensemble aujourd’hui à analyser et à réduire ces drôles de trucs qui empêtrent les cœurs dans des complexions obstructives à l’insu du plein gré de chacun.

Vous constaterez qu’il y a beaucoup moins à commenter sur un rêve de rupture et de recentrage sur l’essentiel.         

L’acceptation de cette destinée était un passage obligatoire.
Ce n’est qu’en l’acceptant et en faisant face à l’épreuve de l’implication au cours de la rencontre avec l’autre que les carences, lorsqu’il y en a, se révèlent à la conscience, et ce n’est que lorsqu’on a conscience des choses que l’on peut agir sur elles.

Et justement, il est vite apparu que pour être pleinement hospitalier, il faut être pleinement né, pleinement entré dans son incarnation….

Et, lorsque la biologie n’a pas permis de tout installer parce que l’accueil familial a peut être été un peu tiède, lorsque l’amour marital, malgré l’amour, n’a pas pu tout épanouir, parce qu’une épouse n’est pas une mère, et bien la psyché met le paquet, elle vous met au contact d’un archétype très qualifié pour ce type de boulot, un archétype qui est capable d’aller chercher dans tous les recoins les parts de l’être qui ne se sont pas incarnées, puisque d’après la légende, tout ce qui vit sous le soleil est né de sa fertilité généreuse.

Donc voici ce rêve :

Je suis adulte, il est question d’aller à la pêche, je vois sur la plage une bouée d’amarrage de bateau, c’est celle de mon bateau, elle est très alambiquée avec des vannes, des manettes, une antenne satellite et d’autres gadgets jamais vus sur les bouées d’amarrage.

A ce moment, je vois mon ami Marc, il a à la main son attirail de pêche tout simple et il me fait part de son impatience car ça fait un bon bout de temps qu’il m’attend.

Je vois un enfant près de la plage, probablement moi petit, qui trépigne et s’impatiente. Il est fasciné par les gadgets de la bouée, il veut absolument aller la voir de près et il dit que je lui avais promis qu’on irait.

Je sais que sa demande est déraisonnable, je m’excuse auprès de lui et je me dirige vers Marc.

Je me retrouve à Marseille, je vois les choses comme si j’étais assis à l’avant d’une voiture, j’avance sur l’autoroute Nord la voiture se dirige vers un tunnel, je constate qu’au dessus du tunnel il y a notre dame de la garde

Elle n’est pas comme celle qu’on connaît à Marseille. Celle du rêve est habillée de blanc et de bleu, comme dans l’image de Lourdes, et elle est penchée vers son enfant dans une posture tendre et consolatrice alors que la statut « réelle » est dorée et l’enfant y est présenté à bout de bras.

Au moment ou j’entre dans le tunnel, la vierge me prend dans ses bras d’un côté à l’autre de son corps comme pour figurer un passage et elle me dépose dans une station de métro.

Je descends du métro à la station vieux port, je suis avec un petit groupe d’amis, garçons et filles et nous avons l’intention d’aller manifester joyeusement sur la place de la bourse.

Je voudrais commencer par cette apparition mariale en précisant bien qu’il s’agit du lot commun.

Tout le monde, sans aucune exception, a été porté par cet archétype, que l’on s’en souvienne ou pas, qu’il ait pris cette forme là ou celle de Tara ou celle de toute autre Gaïa…..

Le tunnel c’est le canal de la naissance, nous naissons d’une mère biologique, mais d’une mère qui est habitée et portée par l’archétype maternel.
C’est le sens de la présence de l’archétype au-dessus du tunnel, en quelque sorte, il préside à la naissance, ce qui nous fait dire que tous les enfants naissent de la biologie mais aussi du psychique….la même chose sous un angle plus spirituel serait de dire qu’un enfant nait à la fois du ciel et de la terre.

Et ça, c’est vraiment le lot commun, tout le monde, sans aucune exception à eu la vierge (ou Tara ou Gaïa...) au-dessus de son tunnel de naissance.

Ce n’est vraiment que lorsque la mère biologique ne porte pas l’enfant avec tout l’amour que devrait pourtant lui inspirer son archétype tutélaire, que l’archétype lui même vient alors la suppléer et faire le geste de passage que la mère n’a pas fait, le geste qui introduit la totalité de l’être dans l’incarnation, le geste qui lui donne le mode d'emploi de l'adaptation au monde et toute la légitimité de l'habiter. 

Le début et la fin du rêve sont anecdotiques par rapport à ce que nous voulions développer ici.

La fin du rêve marque la revendication de sa joie vivre lorsqu’on se sent enfin légitime après avoir été unifié dans la totalité de ce que nous sommes.

Le début parle des illusions d’enfance, de la nécessité de grandir et d’avancer quitte à refouler cette part illusionnée tant que les conditions ne sont pas réunies pour qu’elle puisse être délivrée du mensonge parental et consolée.

Puisque nous en arrivons maintenant aux conclusions, nous constatons que se révèle ici l’adage : «  aide-toi, le ciel t’aidera », ce qui plus explicitement pourrait être formulé en disant qu’à partir du moment où nous cessons

- Soit de fuir notre relation aux autres,
- Soit d’avoir avec eux une relations bavarde mais stérile,

A partir du moment, donc, ou nous acceptons de jouer pleinement notre rôle d’homme connecté à l’humanité, le psychique nous rend la pareille et joue pleinement son rôle d’archétype.

Notre épanouissement est dans la profondeur de l’autre, il est la mine en laquelle il convient de creuser.

Aider l’homme en lui reconnaissant une valeur sacrée en laquelle il est juste que l’on se consacre, c’est aider la psyché, c’est lui reconnaître sa valeur sacrée et c’est lui tendre une main au travers de laquelle nous recevrons notre part d’éther(1), ici et maintenant.  

C’est gagnant-Gagnant.

(1)  http://www.cnrtl.fr/definition/ether